Marcel Vervloesem attaqué

Pour la vérité

La plupart des médias ont relayé l'information selon laquelle Marcel Vervloesem, le traqueur de réseaux pédophiles serait poursuivi pour abus de mineurs. Le chevalier blanc tombé de son cheval, l'accusateur accusé…

L'image est assez forte pour combler ceux qui, après les frémissements de la Marche blanche, ont enfilé les pantoufles de la bonne conscience. Cependant, pour qui gratte un peu, l'info sent l'intox.

1/ Vervloesem n'a jamais été cité à comparaître pour ces prétendus "abus de mineurs". Il est convoqué devant la Chambre du conseil de Turnhout pour "détention de matériel pédophile". Il s'agit de pièces remises à la justice, dans l'espoir que celle-ci fasse son travail. En retour, c'est Vervloesem qui est poursuivi.

2/ Certains de ceux qui sont censés avoir déposé plainte contre Verloesem avouent avoir subi des pressions ou reçu de l'argent pour le faire.

La manœuvre est assez claire et facile à démonter. En même temps il est douloureux de vivre dans un monde où la vérité s'oppose à tel point à la propagande, et où seule l'intox franchit le seuil des "grands" médias en matière de réseaux pédophiles. Pas facile de garder sa dignité et sa raison dans une telle atmosphère. Ceux qui propagent et ceux qui se contentent de ces fausses nouvelles finiront-ils par avoir honte ?

On nous a proposé de l'argent pour déposer plainte contre Vervloesem

Douglas De Coninck, De Morgen, 15/2/2000

Le pourfendeur de pornographie enfantine Marcel Vervloesem du Werkgroep Morkhoven doit se présenter sous peu devant la Chambre du Conseil de Turhnhout suite à des plaintes pour pédophilie déposées par des personnes d'une trentaine d'années de son village. Reste à savoir si le dossier est vraiment sérieux. La personne qui a déposé la première plainte reconnaît qu'elle a été mise sous pression et qu'on lui a offert de l'argent pour qu'elle dépose plainte au nom de son fils contre Vervloesem.

L'affaire commence le 10 septembre 1998, la veille de la diffusion par la RTBF d'un reportage sur le travail d'enquête du groupe Morkhoven dans l'affaire de pornographie enfantine de Zandvoort, en Hollande. Jeanine V.S. et John G. déposent une plainte au parquet de Turnhout pour abus sexuels commis sur leur fils, âgé de 17 ans à l'époque (ndt - de la plainte). Les faits auraient eu lieu dix ans auparavant.

D'après l'enquête de la police judiciaire, le jeune homme a bien été abusé. On l'a, entre autres, obligé à regarder un film porno et a il dû aider un homme à se masturber. Contrairement aux affirmations des parents, l'abuseur ne serait pas Vervloesem, mais un certain J.P.W. de Herentals. Ce dernier a été inculpé. Vervloesem a été entendu pendant vingt minutes et a déclaré qu'il s'agissait d'une manipulation de son frère Victor, un homosexuel avec qui il est en dispute depuis des années. La cassette porno a été retrouvée lors d'une perquisition. Pas chez Vervloesem, mais chez les parents de la "victime".

Ce n'est pas le première fois que madame V.S. est en contact avec la justice pour une affaire de pornographie illégale. En 1993, un conflit a surgi entre elle et une certaine Jeanine D.M. Celle-ci a fourni trois vidéos pornographiques à V.S; et elle en attend le payement. V.S. est auditionnée. Le PV 10.37.99.100.831 de la PJ de Turnhout mentionne qu'elle déclare le 3 mai 1993 :"Un mois ou deux après l'achat des cassettes, Jeanine D.M. m'a laissé entendre que moi, ou mon mari, devrions rendre un petit service en retour. Je devais faire une déposition au sujet de Vervloesem Marcel." Plus loin "Jeanine D.M. nous a aussi offert de l'argent pour témoigner contre le nommé Vervloesem Marcel (...). Je connais à peine cette personne. Il habite dans nos environs. Nous ne voulons pas être impliqués dans cette affaire." V.S. explique encore que Jeannine D.M. a tenté de la faire chanter à plusieurs reprises, chaque fois dans le but de "monter un dossier" contre Vervloesem. Jeanine D.M. a eu maille à partir avec Vervloesem parce qu'il a avait enquêté sur son commerce porno.

La "Gazet van Antwerpen" publiait hier des déclarations de l'avocate des "victimes", dont le nombre s'élèverait entre-temps à neuf. La première d'entre elles serait le fils de Jeanine V.S. Les huit autres sont principalement des personnes d'une trentaine d'années, amis de Victor Vervloesem, ou, comme le décrit son frère "ses petits amis". L'un d'entre eux est le fils de Jeanine D.M., un homme au lourd casier judiciaire, dans lequel on retrouve entre autres des délits de mœurs commis sur des mineurs. D'après l'avocate Machteld Francken, le parquet de Turnhout dispose maintenant d'un dossier "en béton" contre Vervloesem, relatif à des faits qui se seraient déroulés entre 1979 et 1983. Il s'agirait de viols anals et d'actes sexuels "avec de la cire de bougie brûlante et d'autres attributs". Le parquet a confirmé que Vervloesem doit bientôt comparaître devant le juge, mais a dû admettre qu'il n'a pas encore été cité à comparaître.

Marcel Vervloesem: "Il semble qu'ils aient supprimé la Chambre du Conseil à Turnhout. Chaque belge comparaît d'abord en Chambre du Conseil, qui juge si le dossier est sérieux ou non. Je dois tout apprendre par la presse. Il s'agit évidemment d'un coup monté. A Turnhout ils ne m'ont jamais pardonné de les avoir tournés en ridicule dans l'affaire de Zandvoort. Ils sont donc bien contents de recevoir des "informations" de la part Vic et ils s'en servent à mauvais escient. J'ai ici la lettre d'un père qui témoigne, lui aussi, de ce qu'il a été mis sous pression par des personnes du milieu porno pour qu'il traîne son fils à la police judiciaire et que le garçon y raconte une histoire inventée d'un bout à l'autre. Manifestement, j'énerve beaucoup de monde dans ce milieu."

Hier, à la télévision hollandaise, une victime de pédophilie expliquait comment, lui aussi, avait été poussé par ses abuseurs à accuser Vervloesem. Ce dernier est invité, en Hollande, à parler à des magistrats de la pédophilie sur Internet. "Je viens de téléphoner pour leur demander si je suis encore le bienvenu" déclare-t-il. "Ils m'ont fait savoir qu'ils ne ses préoccupaient pas de la tantième campagne de calomnie. Entre-temps, ils compris comment les choses tournent ici en Belgique".

Marcel Vervloesem. L'activiste de l'asbl Morkhoven est à nouveau ciblé

Eric Rydberg, Le Matin, 16/2/2001

Jusqu'ici, l'affaire a surtout fait les choux gras de la presse flamande mais les brèves, de ce côté de la grande faille linguistique, ne sont pas moins assassines. Exemple parmi d'autres : Marcel Vervloesem, "accusateur-abuseur ? " Piquant, forcément. Le célèbre activiste de l'asbl Morkhoven, bien connue pour sa lutte contre les réseaux pédosexuels, ne serait donc, lui-même, qu'un vulgaire pédophile...

Alignés avec un peu de méthode, les éléments apportés contre Vervloesem ne manquent pas de surprendre, pourtant. Il est question d'une série de garçons qui, âgés de 8 à 10 ans, auraient été abusés par Vervloesem à la fin des années quatre-vingt. Des faits plutôt anciens, donc. Des victimes, seul un d'eux est nommé : Victor Vervloesem, le frère cadet de Marcel.

Le plus bizarre, enfin. Se refusant à tout commentaire, le parquet de Turnhout confirme néanmoins que Vervloesem sera bientôt cité en justice pour " recel de matériel pornographique ". La chose est connue, jusque dans ses aspects les plus scandaleux : tout citoyen qui entre en possession de documents pareils dans le cadre d'une recherche visant à lutter contre leur production et leur diffusion risque donc une inculpation pour recel. A ce titre, le cas Vervloesem constitue un précédent dangereux et antidémocratique.

Mais, donc, étonnant. Car, confirmant ses intentions dans ce dossier, le parquet laisse entendre que le dossier " abus ", qui n'a pas été confié à un juge d'instruction contrairement au premier, pourrait être joint à celui-ci lors du procès. Le dossier " bis ", en d'autres termes, est un dossier mené à charge uniquement. Ah bon...

Tout cela a un goût de déjà vu. Le dossier " abus " ressemble comme un goutte d'eau à celui qui, en octobre 1998, avait défrayé la chronique. C'était alors au moment précis où Morkhoven venait de dénoncer publiquement le réseau Zandvoort, de même que les lenteurs du parquet de Turnhout. La manoeuvre pour discréditer Vervloesem, dans laquelle le frère cadet Victor jouait déjà un rôle de premier plan, a assez vite pris le chemin des
châteaux de cartes. Il s'écroulent, comme on sait.

Il était notamment apparu, alors, attesté par le PV 10.37.99.100.831/93 du parquet de Turnhout, qu'une femme - plaignante au nom de son fils dans le dossier " abus " contre Vervloesem, nota bene - a été approchée pour témoigner contre celui-ci : " On m'a laissé entendre qu'en échange des K7 pornos, moi ou, mieux, mon mari, devait rendre un petit service. Je devais faire une déclaration concernant Vervloesem. Je n'ai jamais compris cette demande. (Cette personne) disait d'ailleurs qu'elle nous donnerait de l'argent pour témoigner contre Vervloesem. "

Cela fait un peu sac de noeuds. X qui dit que Z en veut à Y parce que N... Le contexte explique en partie. La famille Vervloesem, c'est dix gosses, un père handicapé, une mère alcoolique et un tas de clans fratricides. Morkhoven a donné son nom à l'asbl de Marcel mais c'est d'abord une cité sociale où tout le monde épie tout le monde et où les ragots se terminent parfois en PV judiciaires. Ce qui est moins normal.

On veut dire, manifeste, l'acharnement de la justice contre Vervloesem, et souvent lorsqu'il est sur le point de dénoncer ses irrégularités. Vervloesem a été condamné pour chantage, puis acquitté en appel en 1997.

La même année, il fera 15 jours de détention préventive et sera condamné à deux ans de prison pour extorsion parce que le tribunal de Termonde, primo, s'est trompé sur la personne (un homonyme, en réalité, quoique prénommé Luc) et, secundo, a " omis " de signaler l'acquittement en appel. Une simple " erreur matérielle " commentera alors le ministre de la Justice Van Parys, embarrassé par la plainte que Vervloesem a introduite - en vain - contre les trois juges fautifs de Termonde.

Depuis 1992 (lutte contre le réseau de Tamise), chacune des offensives de Morkhoven aboutit à la placer elle-même sur le banc des accusés. Cela incite à réfléchir.