Régina
Louf et les chiens de garde Il y a plus de deux ans que
Régina Louf a entamé une procédure civile contre les journalistes Brewaeys,
Deliège et Dawant, ainsi que contre le député Claude Eerdekens. Le but
de cette action est moins d'obtenir réparation que de dénoncer publiquement
la manière ignoble dont elle fut traité par certains médias. Voir : www.pourlaverite.org
: DOCUMENTS : M. Reisinger, Lynchage médiatique d'une victime, 20/11/1999 L'action civile de Régina Louf
contre les journalistes constitue aussi un moyen indirect de dénoncer
le lâchage public des magistrats. Abandonnée par la justice pénale, elle
n'avait plus comme recours que de défendre son honneur au civil. Mais
Régina Louf n'a pas renoncé à faire connaître "ce que la Belgique ne devait
pas savoir sur l'affaire Dutroux". Elle s'est déclarée personne lésée
dans l'affaire de la champignonnière, auprès du juge d'instruction Vandermeersch.
Elle a déposé plainte contre les "relecteurs" de ses auditions, qui ont
falsifié celles-ci. Elle s'est également portée partie civile auprès du
procureur Bourlet à Neufchâteau. L'aube de la vérité se lèvera peut-être
un jour sur les "dossiers X". La première audience du procès
civil a eu lieu en décembre 2000, mais elle a été interrompue par un incident.
Une juge suppléante a constaté qu'elle était proche d'un témoin cité dans
le dossier, à savoir le fils du propriétaire de l'ancienne champignonnière
d'Auderghem, où le corps de Christine Van Hees a été trouvé en 1984. Rappelons
que Régina Louf déclare avoir assisté à cet assassinat. Le témoin cité
a examiné la description des lieux faite par Régina Louf, et il a affirmé
que cette description ne pouvait avoir été faite que par une personne
qui s'était rendue à la champignonnière, contrairement à ce que le substitut
du procureur, Mme Somers, a prétendu lors d'une interview télévisée. L'incident
d'audience renforce indirectement les déclarations du témoin évoqué, dont
on peut penser, sur base de ses fréquentations, qu'il n'est pas un affabulateur
dément. Voir : www.pourlaverite.org
PRESSE: Régina Louf se rebiffe, 6/12/2000 Les débats ont donc repris
cette semaine. Le premier jour, Maître Patricia van der Smissen a longuement
présenté le contexte dans lequel s'est déroulé le lynchage médiatique
de Régina Louf. Le lendemain la parole était aux avocats des défendeurs.
Marc Uyttendaele défendait
Claude Eerdekens avec une arrogance et une veulerie bien en phases avec
celles de son client. C'est à peine si Me Uyttendaele se retenait d'injurier
Régina Louf devant les juges. La défense de M. Eerdekens est simple et
brutale. Il n'a rien fait et, de toute façon, il n'est pas responsable. Deux ans plus tard, on sait
qu'en dépit d'une enquête approfondie sur l'enquête, aucune faute ne peut
être reprochée aux enquêteurs De Baets et Bille. Ceci n'empêche pas Me
Uyttendaele de se plaindre du "délire collectif" d'un pays, au sein duquel
son client aurait le premier retrouvé la raison. Nous avons vécu une "drôle
de période", dont les responsables sont Connerotte, Bourlet, et les "justiciers
parlementaire", membre d'une commission qui "manquait de professionnalisme".
Heureusement, la page est tournée, "le calme est revenu." De toute manière, quoi qu'il ait dit, M. Eerdekens revendique son irresponsabilité totale. Courageusement, il se réfugie derrière une interprétation extensive de l'article de la Constitution sur l'immunité parlementaire. Pas de chance, son défenseur - constitutionaliste éminent - a rédigé il n'y a pas très longtemps, un article sur la question où il précise: "L'irresponsabilité (du parlementaire) ne couvre que les actes qui relèvent de la fonction parlementaire. Les propos tenus en d'autres circonstances, notamment dans la presse, des meetings ou congrès politiques, y échappent" (M. Uyttendaele, Précis de droit public belge, 1997). Qu'à cela ne tienne : "Il faut que le droit évolue", réplique pour les besoins de la cause, l'avocat Uyttendaele au constitutionaliste Uyttendaele. La défense des journalistes
Deliège et Brewaeys est une lourde tâche. Surnommés "les deux pitt-bulls",
ces journalistes du Soir Illustré détiennent la palme du nombre de condamnations
judiciaires en Belgique. Ils ont d'ailleurs été condamnés récemment par
le même tribunal civil pour leur écrits calomnieux et leur acharnement
contre les gendarme De Baets et Bille, dans le cadre de l'enquête sur
Régina Louf. L'auto-intoxication produite par ces informations est telle qu'un des avocats des défendeurs a repris à son compte une fausse information diffusée par Brewaeys et Deliège. En avril 2000, ceux-ci publiaient une liste ahurissante de personnalités dont ils laissaient entendre qu'elles seraient dénoncées par les "fameux grands témoins X"… "Même Jacques Chirac se trouvait dans la liste des dangereux prédateurs pédophiles". En réalité cet album contenait des photos de personnalités médiatiques, choisies par le parquet de Liège - et non par les interrogateurs des témoins X - dans le but de s'assurer que les témoins n'étaient pas influencés par des visages connus des médias. Cet album n'a d'ailleurs jamais été utilisé. Comme Me Uyttendaele, Me Klees
a essayé de faire porter la responsabilité du lynchage médiatique de Régina
Louf sur elle-même: en choisissant de témoigner à visage découvert, elle
s'exposait aux critiques légitimes de l'opinion. Etrange raisonnement
selon lequel une victime devrait rester cachée et pourrait se faire insulter
publiquement dès qu'elle sort de l'anonymat. Restait à entendre le défenseur
de René-Philippe Dawant. On sait que ce dernier a consacré un ouvrage
a démontrer que Dutroux était un prédateur isolé, Nihoul un bouc émissaire
et les témoins X des affabulatrices. Pour étayer ce dernier point, il
n'a pas hésité à publier une audition falsifiée de Régina Louf. Afin de
prouver que les enquêteurs "tentaient de suggérer à leur témoin que le
cadavre de Christine Van Hees a été détruit par le feu", Dawant plaçait
notamment l'affirmation du témoin Régina Louf : "Ils la brûlent", dans
la bouche de l'interrogateur De Baets. Voir : www.pourlaverite.org
DOCUMENTS : M. Reisinger, L'audition falsifiée de Régina Louf, 25/11/2000 Pour tenter de se dépêtrer
du mauvais pas de son client, Me Englebert s'est démené comme un diable:
"Mon client n'a jamais publié de procès-verbal… Il a publié la façon dont
il pense que l'interrogatoire de Régina Louf a eu lieu (sic)… Il a pu
consulter brièvement la farde concernant les déclarations des témoins
X… Il a pris des notes et il en a reproduit certains passages dans son
livre… Il a commis une erreur de retranscription… c'est tout." Bel exemple
de la rigueur avec laquelle M. Dawant rédigea son pavé sur l'affaire Dutroux.
Face au carré d'avocats des
défendeurs, Patricia van der Smissen a montré une fermeté et une combativité
émouvante, digne de la chèvre de Mr Seguin. Espérons que la cour, qui
semblait attentive, permettra à Régina Louf de "tenir jusqu'à l'aube". |