Chronologie internationale du Parti Radical: 1991 (II) |
Rome III e CONGRES ITALIEN DU PARTI RADICAL Extrait du rapport du Secrétaire Sergio Stanzani : " Le Projet politique du parti radical pour 1991 a comme objectif la constitution dune force transnationale et transparti, autofinancée et à adhésion directe. Cet objectif inclut une pratique fondée sur une méthode visant à constituer un véritable parti daction supranational, un lieu daction non violente, où chaque militant pourra sengager, à travers des actions non violentes, pour faire approuver, au même moment, le même jour et à la même heure, le même texte législatif, tel quil a été prévu par les parlementaires de ces pays qui se sont montrés intéressés par linitiative politique du parti et se sont mobilisés en sa faveur. Fort de cette méthode, le Parti se met au service de cet objectif, conscient quil est de la nécessité pour la politique de traduire la connaissance des grands problèmes qui engagent la destinée de lhumanité en responsabilité et en capacité de décision, donc en pouvoir. Doù la nécessité de mettre en uvre un projet politique qui garantisse au Parti la possibilité détablir des liens avec les classes politiques et dirigeantes des autres pays, au premier rang desquelles celles des pays européens. Pour susciter la mobilisation, pour rassembler les parlementaires et les membres de la classe dirigeante internationale à qui ce projet sadresse, celui-ci doit passer par une étape de diffusion écrite. Il sagit dès lors dune entreprise de grande ambition et dune extrême complexité, jusquici inédite. Lobjectif initial est de toucher, en Europe de lOuest et de lEst, les parlementaires et les élus siégeant dans des assemblées législatives ou dans des assemblées exerçant une responsabilité et une influence politique importante, quelles se situent sur le plan national ou quelles soient lexpression dune organisation politique de nature fédérale ou régionale, conférant aux différentes instances des pouvoirs autonomes. En plus des parlementaires européens, il sagit dentrer en contact avec 35.000 élus environ, siégeant dans quelque 300 lieux au sein de 35 Etats. A titre dexemple, les thèmes dont le message est porteur pourraient être les suivants : lapplication de la peine de mort et lusage de la torture ; la qualité de la vie, la préservation écologique de la planète, la question des décharges en Europe, leffet de serre, la préservation de la couche dozone, la déforestation, lusage de produits chimiques dans le domaine agricole ; la relance, par laffirmation du droit positif, de la proposition daccorder au droit international un pouvoir coercitif et celle de la réforme de lONU ; la conversion des dépenses militaires et des dépenses darmements en projets permettant daméliorer lexistence dun milliard dêtres humains souffrant de la faim, et, donc, la relance de laction consécutive au " Manifeste des Prix Nobel " ; lunion politique des Etats dEurope, en tant quinstrument permettant de dépasser les nationalismes ainsi que les barrières linguistiques et raciales ; lantiprohibitionnisme contre la criminalité générée par le marché clandestin de la drogue ; lantitotalitarisme et laffirmation des droits de lhomme; labolition du port darmes ; lévolution de la situation en matière de lieux carcéraux, voire labolition de ceux-ci ; le droit pénal ; la nécessité dune " langue véhiculaire ", en vue de stimuler un processus historique dacquisition linguistique susceptible de permettre aux locuteurs dune langue hégémonique de posséder une seconde langue ; la question démographique, la prise en charge, en termes écologiques, des problèmes démographiques ; lavortement ; léducation sexuelle. Cette initiative propose dune part de faire connaître la proposition politique du Parti transnational et dautre part de susciter lintérêt, la discussion et le débat afin de faire converger, sur la proposition ou même sur certains sujets plus spécifiques, les initiatives des groupes transnationaux et transparti de parlementaires et dautres représentants des classes politiques et dirigeantes de ces pays. Il sagit dun projet, dune entreprise, dont laspect économique et financier possède des dimensions qui dépassent considérablement celles des projets auxquels le Parti sétait attelé jusquà présent : le coût individuel de chaque envoi dun message ne pourra être inférieur à 435.000 522.000 $, avec un coût total, pour 6-8 numéros, compris entre 2.609.000 et 4.348.000 $. Sur la base du budget prévisionnel pour 1991, le Parti peut disposer dune somme de 2.609.000 $, susceptible dêtre investie dans le projet et il pourrait théoriquement disposer de biens patrimoniaux transmis par sa branche italienne. Dautres apports, fournis par les cinquante mille inscrits, sont donc nécessaires ; ceux-ci par leur adhésion apporteraient une forme organisationnelle à cette idée et concourraient à la création de ce lieu daction non violente auquel le parti a déjà démontré quil pouvait sidentifier, mais quil voudrait en outre continuer à être "
Motion approuvée au Conseil fédéral (deuxième session) de Zagreb . "... Le projet de réalisation dun grand Parti Radical transnational et transparti semble résolument être en phase de réalisation et à ce stade il est devenu non seulement nécessaire mais aussi possible de pouvoir bénéficier dun apport du Conseil fédéral et de ses membres, en particulier de tous les parlementaires élus démocratiquement dans leur pays respectif ou au Parlement européen. Ce tournant dans le processus de formation dun nouveau grand Parti Radical est dû particulièrement à deux types de raisons: a) Premièrement, les nouvelles dramatiques qui nous arrivent de plus en plus nombreuses sur létat du Monde, y compris celui de lEurope elle-même, avec laggravation du chaos et de la violence au cur même du continent, tandis quune immense partie du monde subit loppression de régimes dictatoriaux (à commencer par celle de la Chine) ; deuxièmement, il est nécessaire de pouvoir disposer dune instance politique transnationale et transparti, capable denvisager un nouvel ordre démocratique et tolérant à léchelle du monde et de chaque territoire ainsi que de contribuer à son édification. b) Il y a ensuite les premiers résultats de lenvoi à plus de cinquante mille parlementaires des deux premiers numéros du journal "Il Partito Nuovo"; au même moment, les activités lancées par le PR sur le thème des droits de lhomme et des droits politiques ont suscité en quelques semaines ladhésion de plusieurs dizaines de membres de gouvernements et de parlements, à commencer par le Président du Conseil de la république croate, Franjo Greguric, le Vice-président Zdrazvko Tomac, les Ministres Drazen Budisa et Vlado Veselica, le président en exil du Parlement du Kosovo, Sulejman Ugljanin, le représentant de la Commission européenne, Carlo Ripa di Meana, le Ministre italien, Carlo Tognoli, ainsi que des parlementaires de Russie, dUkraine, dAzerbaïdjan, de Lettonie, de Roumanie; de Tchécoslovaquie, dItalie, du parlement européen, des responsables politiques démocratiques et non violents de vingt pays et, enfin, les prix Nobel maire de Maguire Corrigan et George Wald." Le Conseil Fédéral du Parti radical: - approuve le rapport et le budget du PR, présentés par le Premier secrétaire Sergio Stanzani et par le trésorier Paolo Vigevano, en solidarité avec la Présidente du parti Emma Bonino et avec le Président du Conseil fédéral, Marco Pannella; - insiste sur le fait quil est dune extrême urgence daccroître sans tarder la force politique et parlementaire du parti, tant en matière dobjectifs généraux et ponctuels quen ce qui concerne la campagne dinscriptions prévue début 1992, qui vise ladhésion de cinquante mille personnes à travers le monde, étape essentielle pour la poursuite et le renforcement des luttes en faveur du droit à la vie et de la vie du droit, quelles soient menées dans le domaine de la liberté ou de la paix ou encore dans le domaine écologique ou dans le cadre des problèmes démographiques; - en appelle dès lors aux organes du Parti, à tous les militants radicaux et aux membres du Conseil fédéral eux-mêmes à encourager, dans les prochains jours, ladhésion au parti de plus grand nombre possible de parlementaires et de personnalités politiques et culturelles, afin que les parlementaires démocratiques du monde entier sachent que plusieurs centaines dentre eux ont déjà saisi loccasion qui leur était offerte de faire exister une organisation politique transnationale et transparti, inspirée des principes non violents de Ghandi et basée sur la défense des droits civiques, humains et politiques, en tant que base et moyen dédifier un nouvel ordre démocratique mondial pour les peuples de la terre; - insiste sur la confirmation du rôle central du PR dans la lutte démocratique contre le régime particratique de lItalie, malgré lostracisme, de la désinformation, de lincertitude juridique, de la corruption et de la violence omniprésentes et grâce à la force et à la détermination généreuse dun peu plus de trente mille inscrits, à qui le Parti Radical doit en grande part la possibilité même dexister et dêtre actif dans chacun des autres pays; - salue la reprise des actions non violentes en faveur des luttes démocratiques et institutionnelles, en particulier celles de nos compagnons russes du Mossoviet, initiées par notre ami Alexander kalinin, et, ensuite, celle de Marco Pannella, qui va dans le sens du combat radical pour la défense de la justice, du droit des personnes et des peuples de lex-Yougoslavie. - engage tous les militants, tous les membres du Conseil fédéral et lensemble du Parti à soutenir laction de jeune auxquelles de nombreux collègues parlementaires de différents pays ont affirmé vouloir prendre part pour renforcer la démocratie, la liberté, la paix et défendre les Républiques démocratiques de lex-Yougoslavie, plus particulièrement la Croatie, martyre de lagresseur serbe, de son armée putschiste et de sa politique raciste, mais aussi victime de la politique aveugle et lâche de lEurope qui ne se réfère quen paroles à ces grandes valeurs que sont la liberté et la tolérance.
PANNELLA ENDOSSERA LUNIFORME CROATE POUR UN SERVICE NON ARME DE "PREMIÈRE LIGNE" Dans une lettre ouverte aux directeurs de journaux et des radios et télévisions italiennes, le Président du Conseil Fédéral du Parti Radical et Député européen, Marco Pannella annonce de Strasbourg où il a tenu une conférence de presse en compagnie d Adem Demaqi, personnalité politique importante du Kosovo ( qui sest récemment vu attribuer le prix Sacharov par le Parlement européen) quil suspend son jeûne pour se rendre, affaires cessantes dans la ville assiégée de Osijek avant Noël. Dans cette lettre, Pannella défie tout journaliste de soutenir que les initiatives du PR concernant lEx-Yougoslavie ; à savoir les adhésions prestigieuses de Ministres et de Députés croates, du Kosovo et dautres républiques de lancienne fédération, ne constituent pas des "nouvelles"dignes dêtre relayées. Et il ajoute : (...) Si nous étions "violents" ou si nous acceptions de pratiquer des formes violentes et "exaspérées" de manifestations et de luttes, nous bénéficierions certainement dune publicité importante, qui quoique réprobatrice serait informative. Des débats entoureraient nos mauvaises actions. Par contre, même nos actions institutionnelles et parlementaires ont été systématiquement ignorées, quelque soit lendroit où elles se sont produites. (...).
APPEL DE PLUS DE 100 DÉPUTÉS ITALIENS. Au 22 décembre, plus de 100 signatures de membres de la Chambre des Députés italienne demandent, dans un appel au gouvernement, la reconnaissance immédiate des Républiques de Croatie et de Slovénie, le retrait des ambassadeurs de Belgrade et lengagement à ne pas reconnaître la République serbe si elle ne fournit pas de garanties pour les minorités. Le 26 décembre, Pannella annonce lors dune conférence de presse : "laction directe nonviolente du PR sur le front de la démocratie, de la paix, de la liberté, aux côtés des défenseurs croates dOsijek". A cette action, participeront Lucio Bertè, Roberto Cicciomessere, Olivier Dupuis, Renato Fiorelli, Dino Marafioti, Sandro Ottoni, Josip Pinezic et le Sénateur italien Lorenzo Strik Lievers.
LA PRÉSIDENTE DU PR, EMMA BONINO, RENCONTRE A BELGRADE PLUSIEURS REPRÉSENTANTS DE LOPPOSITION. Alors que le groupe radical arrivait à Zagreb, Emma Bonino, Présidente du PR, rencontrait à Belgrade plusieurs représentants de lopposition et en particulier, Dragoslav Micunovic, Député et Président du Parti Démocratique, Nebosha Popov, Président de lAlliance pour les initiatives démocratiques en Yougoslavie, Gabriela Tanic, journaliste au quotidien dopposition à la guerre et à Milosevic, Republika, Stojan Cerovic (ancien inscrit au PR), Président du Centre daction anti-guerre et journaliste à VREME (autre journal dopposition à la guerre et à Milosevic), Vesna Pesic, sociologue, elle aussi membre du mouvement anti-guerre. Les rencontres ont eu lieu pendant que lon tentait dorganiser une veillée de paix le soir précédant le Noël orthodoxe (6 janvier). Régulièrement qualifiés de "traîtres", ils essaient, malgré les multiples difficultés, dorganiser lopposition à une guerre quils considèrent eux aussi comme une agression. Le dimanche 29, une de leurs manifestations qui regroupait quelques milliers de personnes à Belgrade fera, une fois nest pas coutume, lobjet dun reportage télévisé de quelques secondes.
LES RADICAUX SONT REÇUS PAR LE GOUVERNEMENT CROATE - Les radicaux sont reçus par le Ministre croate des affaires étrangères Separovic, par le Vice-Premier Ministre Zdravko Tomac. Le dimanche matin, le groupe au complet est accueilli au Commandement suprême des forces armées par le chef dEtat major, le Général Tus, qui leur transmet bon nombre d informations sur la situation militaire, et leur fait part de son soutien total et actif à leur initiative.
OSIJEK- Au cours de laprès-midi du 30 décembre, les militants radicaux arrivent à Osijek, ville croate assiégée depuis des mois où il y a eu 3500 blessés et 650 morts, dont la moitié de civils. Après avoir rencontré les autorités civiles et militaires de la ville, auxquelles ils ont expliqué la signification de l action quils ont lintention de mener sur le front de guerre avec les armes de la nonviolence, les radicaux tiennent une conférence de presse au cours de laquelle Marco Pannella et Olivier Dupuis endossent déjà luniforme croate. Pour expliquer les raisons de son action, Pannella déclarait : "Cest sur un plan matériel, symbolique, politique et civil que je revêt aujourdhui luniforme de larmée croate, parce que cest par le bon usage de cet uniforme que passe aujourdhui, la lutte pour le droit à la vie et la vie du droit, de nous tous, Serbes, Albanais, Macédoniens, Italiens, Allemands, Français, Russes, Anglais, Européens et habitants du monde. Lidéal et lespoir de démocratie et de paix se transmet. Je suis reconnaissant et fier de ceci, de toute évidence, un acte de confiance et une volonté de nous honorer en regard à ce que le Parti Radical de la nonviolence, transnational et transparti représente et tente de construire actuellement dans notre société. Si nous sommes suffisamment forts, un système de "brigades de la nonviolence" commencera à sorganiser , tel un embryon de force du droit international pour la protection des droits de la personne et des peuples du monde. En tant que représentant du peuple européen, du Parlement européen, mes amis démocratiquement élus ou militants du Parti Radical et moi-même sommes venus ici nous opposer à la reconduction de lEurope de la honte qui, dans les années 30, a permis par le cynisme de ses gouvernants pseudo-démocrates, tout comme aujourdhui, laffirmation du fascisme, du nationalisme et du communisme, ainsi que le déferlement des guerres et des massacres. Pour cet uniforme que je porte aujourdhui, jai le devoir de témoigner du fait que nous sommes croates, européens et mêmes soldats. Je le fais en souhaitant tout dabord aux femmes et aux hommes serbes et à tous leurs proches, où quils soient ,une année de liberté, de démocratie, de paix, de tolérance, de bonheur, de bonne santé. Nous répondons avec amour et espoir à lagression de celui qui les veut agresseurs, opprimés, assassins, des tranchées où nous passerons cette nuit et les jours suivants, où nous luttons et lutterons, également pour eux, en tant que frères et soeurs, malgré le supplice que lon nous impose et dont ils sont presque les instruments obligés. Nous dénonçons enfin, la honte dune ONU qui incite les Serbes à tirer, tout en déclarant quelle interviendra seulement quand la paix sera en grande partie atteinte. Les nonviolents, les antimilitaristes, les fédéralistes démocrates, les Européens, les internationalistes, les personnes de bonne volonté du Parti Radical transnational, écologiste, revendiquent lhonneur, la douleur, le bonheur dêtre sur ce front pour une Croatie , une Serbie , un Kosovo , une Macédoine et une Bosnie-Herzégovine et une Europe libres. Partout où vivront la liberté et la démocratie, nous trouverons la paix et la tolérance, la justice et la fraternité. Je souhaite remercier du fond du coeur tous les citoyens croates qui en ce moment sinscrivent pour donner force au Parti Radical. Nous en avons grandement besoin. Quen 1992, toutes les femmes et tous les hommes de cette terre, et de la terre en général, voient leurs attentes se réaliser et que lamour quil ont semé et le cultivé leur revienne." Au cours de laprès-midi, Marco Pannella, en sa qualité de Député européen, a rencontré les observateurs de l Union européenne, présents actuellement à Osijek.
JOUR DE LAN AU FRONT - Dans la nuit du 31 décembre, les Parlementaires Marco Pannella, Roberto CICCIOMESSERE, Lorenzo Strik-Lievers, les membres du conseil fédéral du PR, Olivier Dupuis, Lucio Bertè et Josip Pinezic se joignaient , sans armes, aux forces de défense croates à trois endroits du front. Plusieurs dentres eux étaient présents auprès des postes de la brigade internationale, dont le commandant Edouard, est également inscrit au PR. Renato Fiorelli, Conseiller communal de Gorizia, infirmier, prestait son service auprès des structures de santé militaires de lhôpital dOsijek, qui a été jusquà présent un des objectifs les plus touchés par les artilleries serbes.
RÉUNION DES RADICAUX EN SLAVONIE - Entre le 1er et le 2 janvier, les radicaux, Pannella et Dupuis se rendent à Nova Gradiska, autre ville du front, victime de violents bombardements de larmée putschiste de Belgrade. Ils sont reçus par des inscrits au Parti Radical, par les Députés Ivan Babic et Vjekoslav Zugaj, inscrit au Parti Radical, par ZdravkoSokic, maire, et par Miroslav Kupic, Président du Comité de crise, qui annoncent leur souhait de sinscrire au PR. Le lendemain matin, ils sont accueillis par le Commandant de la garde nationale Glavas et par un Député de la région de Nova Gradiska, le sculpteur Miroslav Zupancic, lui aussi membre du PR. Escortés par Babic et Zugaj, ils visitent plusieurs détachements de la ligne du front, en particulier un village serbe, où ils constatent que plus de la moitié des habitants sont restés chez eux. De retour à Osijek, rejoints par Vlastimi Kusik, militant radical dOsijek depuis plusieurs années, ils tiennent une conférence de presse au cours de laquelle ils annoncent une récolte de signatures sur un appel pour linternationalisation dOsijek. Zlatko Kramaric, maire de la ville en est le premier signataire. De trois heures du matin à trois heures de laprès-midi, ils subissent avec les habitants du centre-ville, un violent tir de mortier (le plus intense jusqualors, selon de nombreux habitants dOsijek). Durant lattaque, un édifice situé à quelques dizaines de mètres de l hôtel est touché par une bombe de larmée fédérale et prend feu.
CONFÉRENCE DE PRESSE - Le 3 janvier, à Zagreb, Pannella, Dupuis, Ottoni, et Pinezic, rejoints par le Vice-Premier et inscrit radical Zdravko Tomac, tiennent une conférence de presse face à de nombreux journalistes croates et étrangers. Ils font le point de la situation. Voici le texte communiqué à la presse : "A 18 h hier soir, comme lors des trêves précédentes, la destruction systématique de la réalité économique, productive, culturelle et artistique de la Croatie sest poursuivie. Des femmes et des hommes sans défense ont été assassinés par des bombardements terroristes. Cyrus Vance ment et il le sait. Tout comme dans les années 30, nous assistons à une fausse confrontation entre des imbéciles et des corrompus dune part, et des fous et des criminels de lautre. Afin que lhistoire ne se répète pas, afin surtout que les peuples trompés et sans défense, et les démocrates ne paient pas, nous devons nous mobiliser tant quil est encore temps. Les moralistes dun jour ne suffisent pas. Kouchner en personne est Ministre dune politique antidémocratique dune Europe des années 1930. Il ne sagit pas denlever les enfants de force, pour mieux permettre aux agresseurs de tuer leurs parents et de se donner ainsi bonne conscience. Sil faut agir, il faut amener également ses propres enfants parmi ceux qui sont agressés, contre les oppresseurs et démissionner en tant que Ministre de Monaco. Les "pacifistes", toujours en équilibre entre fascisme et anti-fascisme font preuve de cynisme, eux qui, au cours du siècle, ont été complices et ensuite victimes des agresseurs. Nous ne comprenons pas la politique responsable, courageuse et prudente du Président Tudjman. Mais nous pouvons affirmer que les troupes de lONU sont envoyées ici au service de la realpolitik du complexe militaire, financier-industriel, et non du droit et des droits. Elles sont de mèche avec la politique raciste, de chantage, fasciste et paléobolchévique de Milosevic et consorts. Il faut protéger immédiatement les républiques reconnues par des pactes dassistance mutuelle, même sur le plan bilatéral, de la guerre qui leur est imposée par une armée putschiste et hors-la-loi. Il faut refuser toute reconnaissance de la République de Serbie, quelque soit son nom ou ses caractéristiques, si elle nadopte pas aussi les lois que Zagreb a approuvé pour défendre ses minorités et les droits du citoyen. Il faut reconnaître sans détour le droit à l autodétermination du peuple du Kosovo ; non pas selon un principe abstrait démagogique et irresponsable , mais en fonction de sa situation historique et politique concrète. La république du Kosovo devra également adopter des lois pour protéger ses minorités. Il faut soutenir la lutte de libération démocratique du peuple serbe, opprimé et contraint à la guerre par un régime personnifié par un Milosevic démagogue, raciste et nationaliste et par une armée dont les chefs doivent être condamnés sur le plan pénal, international et politique. Il faut immédiatement internationaliser le conflit sur le plan politique par une vague de jumelages entre villes européennes et villes croates, à commencer par celles qui se trouvent en première ligne du front de lagression, par un blocage de lespace aérien croate aux avions "serbes", et par le financement international immédiat des lois "très chères" adoptées à Zagreb en faveur des minorités , par la création progressive de "brigades de la nonviolence et du droit" en service nonviolent et non armé de démocrates européens sur tous les fronts. Il faut supprimer démocratiquement avec les armes du droit, de la tolérance, mais également de la rigueur et de lintransigeance les violents, les agresseurs, les racistes, les antidémocrates, lactuel régime de Belgrade. "
Commentaire de Darko Djuretek extrait du quotidien de Zagreb "Vecernji List du 4 janvier. SANS MÂCHER SES MOTS La présence de Pannella sur le front dOsijek ne peut se comparer aux nombreuses visites des curieux dEurope et du monde, qui veulent se convaincre quen cette fin de siècle, même en Europe, il y a véritablement la guerre. Il nest pas rare que ces curieux à qui la Croatie souvre généreusement, ces intellectuels mondiaux se réclament de lhumanisme, quand ils rentrent dans leurs maisons bien chauffées de Paris ou dailleurs, quils racontent avec stupeur cette guerre. Mais aucune action concrète ne sensuit, étant donné que ces politiciens et intellectuels de salon sen prennent à lun ou lautre camp en guerre. Pour ces représentants de la conscience européenne, il ny a pas de coupables pour les noces de sang provoquées par la Serbie sur le territoire croate. Tous sont coupables. Lopinion publique européenne est par conséquent très confuse, ce qui explique la lenteur des aides et des soutiens à la Croatie. Marco Pannella, qui était à Osijek pour soutenir la Croatie, mais également pour intervenir contre les crimes serbes et contre le silence honteux de plusieurs grandes puissances, a endossé luniforme croate et sest rendu sans armes , là où lon tire et où lon meurt. Marco Pannella est un autre type dhomme. Il ne se plaint pas vainement des horreurs de la guerre pour épater ses collègues et de belles dames grâce à son prestige politique et son engagement humaniste. Depuis longtemps, Pannella ne se tait pas. Il a consacré une grande partie de son énergie et de son activité à une action concrète et à une réponse conséquente aux demandes croates. Il a engagé sa renommée dhomme politique européen atypique (loin des ambiguïtés, des doubles discours, dhomme qui dit ce quil pense et qui le fait), jusquà la fin pour éveiller les consciences endormies des Européens et pour offrir à la Croatie une aide efficace et immédiate. A Zagreb, avant-hier, Pannella a ajouté : "... le peuple serbe doit être aidé pour obtenir une libération démocratique du régime..." Sans mâcher ses mots, Pannella a affirmé que la politique européenne est une politique de lautruche et il a dénoncé la corruption et la pauvreté desprit de nombreux politiciens européens. Il na pas oublié non plus les généraux serbes quil a traité de criminels. Certains diront que ce vocabulaire est typique du radical Pannella. Toutefois, force est de reconnaître que sous de nombreux aspects, il a raison. Pannella nest pas le seul ami sincère de la Croatie, mais il ne fait aucun doute quil dit à voix haute ce que les autres pensent tout bas. Il sagit dune conscience pure et saine. Il ne fait aucun doute quil restera encore politiquement vivant et que son engagement en faveur de la paix, du droit et des causes justes se poursuivra jusqu'à la libération définitive de la Croatie. ` Pannella et ses partisans ont compris que la Croatie na rien à cacher, quelle a la conscience tranquille et cest pour cette raison quelle mérite dêtre aidée.
TOUS DANS LES TRANCHÉES A OSIJEK COMME AU TEMPS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE par Lorenzo Strik Lievers Il Giornale, Milano, dimanche 5 janvier 1992 Témoignage du Sénateur Lorenzo Strik-Lievers, membre du Parti Radical, qui accompagné d un commando nonviolent a rejoint Osijek et les tranchées de première ligne. "Je suis rentré à Milan dOsijek après sept jours passés sur le front croate avec mes autres amis du Parti Radical : Marco Pannella, Roberto Cicciomessere, Olivier Dupuis, Sandro Tessari, Sandro Ottoni, Renato Fiorelli, Lucio Bertè et Josip Pinesic. Nous avons reçu le dernier salut de larmée ex-fédérale, la nuit précédant notre départ, le 2 janvier, un tir continu de mortier et de canons sur le centre dOsijek. Une pluie de bombes est tombée sur la place communale, où se trouvait notre hôtel, l Hôtel Central. Deux bombes, dont une incendiaire, ont visé de plein fouet la maison voisine de notre hôtel, et la détruite. (Il est probable, selon les autorités croates, quil y ait eu véritable intention de toucher l hôtel qui nous hébergeait.) Mais cest précisément pour cette raison que nous étions à Osijkek, qui, après Dubrovnik (Ragusa), et Vukovar, est devenue un peu le symbole de la tragédie qui se déroule en Croatie, aux portes de chez nous. Contre une agression manifeste, en tant que nonviolents - le nonviolent nest pas neutre entre les agresseurs et les agressés, il saligne - nous voulions participer à la défense de la ville partageant, sans armes, la situation et les dangers que courent ses habitants et ses défenseurs. Avec lidée peut-être de former de nouvelles "brigades internationales" de la nonviolence et dun appel et dun dialogue avec les militaires serbes contraints à assassiner et à être assassinés à leur tour. Départ, le 27 décembre, de Trieste; A Zagreb, rencontres chaleureuses avec le Président Tomac - inscrit au Parti Radical, plusieurs autres Ministres et Parlementaires croates, dont Griguric, Président du Conseil, et Stipe Mesic, ancien Président de la Yougoslavie, et avec dautres autorités. Le chef détat major de larmée croate nous explique la situation militaire difficile de ses forces improvisées contre les adversaires qui disposent de fait de toute lancienne armée yougoslave. Il nous décrit le travail en cours pour mettre sous contrôle, en lintégrant dans la discipline des forces régulières, les bandes armées qui étaient sorties au cours de la première phase de la guerre. Nous arrivons le 30 décembre à Osijek, sur la ligne la plus avancée du front. Latmosphère qui y règne est spectrale: partout, des décombres et des façades défigurées, peu de passants dans les rues. Les gens savent que dun moment à lautre, il peut tomber une grenade. Les grandes portes des maisons sont protégées par des sacs de sables et de pierres. Sur la place centrale, en toile de fond, on voit la cathédrale déjà bombardée et deux arbres de Noël sélèvent, lun est illuminé et l autre est décoré de matériel de guerre. Des branches, pendent des éclats et des douilles de projectiles, des armes brisées, des casques. Un arbre dépouillé naturellement et qui semble symboliser le passage de la guerre qui brûle tout et détruit même les symboles fondamentaux de la nature. Sous la place, un grand refuge comprenant des magasins, un centre de presse et des bureaux. Ici, on rencontre la population, beaucoup y passent la journée. Ensuite, nous le verrons les jours suivants, beaucoup finissent par vivre pendant quelques heures normalement dans la rue et dans les maisons. Mais ils savent que dun instant à lautre, un coup peut tomber. Et cest ainsi que jour après jour, à Osijek, on vit et on meurt. Peut-être que cet effort d anormalité dangereuse, supportée avec un courage remarquable représente la manifestation de la volonté de la population de résister et de faire valoir ses propres raisons et son droit. Nous ne sommes pas ici en visite. Sans attendre, nous nous intégrons dans les structures de défense; sans armes, naturellement. Mais, pour mieux attester le sens de la présence de cette "bande de gibiers de potence en faveur de l objection de conscience et de lantimilitarisme", comme nous définit Pannella et en effet, cest ce que nous sommes, deux dentre nous endossent luniforme croate. Pannella lui-même et Dupuis, qui a à son actif onze mois de prison en Belgique, pour refus de porter luniforme. Nous passons la nuit du Nouvel-An, de 11 à 3 heures, dans les tranchées de première ligne, avec les combattants croates. Les tranchées sont à quelques kilomètres, parfois à quelques centaines de mètres du centre dOsijek. La ville est elle-même sur la ligne des combattants, entourée de trois côtés par les fédéraux et par les milices extrémistes, qui sont ceux qui tirent avec le plus dacharnement.Continuellement sous les tirs, la ville se dépeuple: sur les 120 mille habitants, il nen est resté que trente mille environ. Cest souvent le feu des milices extrémistes qui fait des victimes : au cours de ce long siège, on compte jusquà présent 650 morts et 3500 blessés, dont plus de la moitié de civils. Mais du reste, les soldats qui commandent les tranchées sont en grande partie des citoyens dOsijek qui ont endossé luniforme. Les autres, restés à la maison sont là dans lesprit dun président qui entend maintenir jusquau bout sa position. Limpression que lon a, en première ligne, est étrange et angoissante. On se croirait revenus 70 ans en arrière, lors de la première guerre mondiale, avec des tranchées creusées dans la boue et dans lesquelles les soldats, anxieux, attendent de comprendre où tombera la prochaine grenade. Mais, en réalité, au centre dOsijek on vit de la même façon. Une stillation continue, de même quune incertitude continue. Toute la nuit du nouvel-an est marquée par des "feux dartifice" que les Serbes lancent avec des projectiles traçant accompagnés cependant dun feu, réel celui-ci de lartillerie. Lofficiel qui nous accompagne répond à mes commentaires. Lamateur que je suis imagine quil sagit là dune préparation à une offensive, il rétorque : "Non, non, ce soir, cest calme." Je demande à un soldat : "Mais vous arriverez à résister? " Et je pense aux plus de trois cents camions armés serbes, qui, sont paraît-il prêts autour dOsijek, alors que nous navons pas encore vu darmes lourdes dans les rangs croates. Il répond: "Nous sommes unis et déterminés, parce que nous défendons nos maisons." Nous lespérons bien. Le dernier soir, nous réunissons en ville un groupe de citoyens dOsijek, inscrits et sympathisants du Parti Radical. Suite à cette réunion, il est décidé dorganiser un appel signé par les citoyens et par nous, une idée qui remporte dautres adhésions en ville, pour demander aux Européens de venir sur place pour se rendre compte. Et dans la nuit, nous aussi, nous verrons : vers deux heures, commence un bombardement continu. Nous sommes en alerte, nous essaierons de comprendre si le feu se rapproche de notre hôtel-refuge. Jusquà ce que les tirs commencent à faire trembler les vitres et quenfin la place soit assaillie. Le bombardement se poursuit, avec une intensité variable pendant toute la nuit et la matinée suivante. Alors que daprès notre ordre de marche, nous repartons, les bombes continuent à tomber sur la ville et sur ceux qui continuent à subir ce calvaire, attendant quavant quil ne soit trop tard, le monde arrête cette tragédie insensée . |