XVIIIème Congrès (extraordinaire) du PR
Rome 7 et 8 Mai 1977

Le XVIIIème Congrès extraordinaire est convoqué à Rome au cours de la campagne de collecte de signatures pour la convocation de huit référendums. Nonobstant les bons résultats obtenus jusqu'à ce moment-là (320.000 signatures collectées en un peu plus d'un mois), la campagne risque d'échouer. Le Congrès dénonce deux dangers: d'une part la colossale oeuvre de désinformation de la Rai, non seulement par rapport à toutes les initiatives radicales, mais surtout à l'égard des citoyens, en leur cachant la campagne de référendum, et les privant ainsi du droit de s'exprimer sur une initiative qui est constitutionnellement garantie; d'autre part, la dramatique situation financière du parti qui ne peut pas garantir la continuation de la campagne, et qui risque d'échouer.

Le XVIIIème Congrès est important surtout comme moment de relancement vers l'extérieur, de l'initiative de référendum. Le Parti, sur lequel retombe le poids tout entier de la collecte de signatures, y retrouve l'élan et la concentration nécessaires pour continuer sa route. Même sur le plan de la collecte de fonds, bien que l'objectif fixé par le Congrès ne soit pas atteint, on constate une considérable augmentation de l'autofinancement, qui se monte, fin-Juin, à 150 millions.

MOTION GENERALE

Dans le pays, la demande de liberté et de radicale transformation pour une alternative au régime démochrétien, est toujours plus répandue; une poussée populaire qui peut constituer, si elle se traduit par une politique dans les institutions, l'issue de la crise morale, sociale et politique où le pays a été plongé. D'autre part, autour de la Dc, des convergences de forces de la gauche historique sont en train de se réaliser, à l'intérieur du système de pouvoir classiste, clérical et corporatif, qui réduisent ainsi la démocratie toujours davantage à une apparence sans alternative et sans lutte politique.

De ce dessein, qui voit la gauche enfermée dans un compromis qui n'est plus désormais qu'un compromis de régime tendant à écraser les poussées de la société civile et à éliminer la dissension en le criminalisant ou en la rendant impuissante, la suffocation de la liberté d'information en est l'objet central.

Les radicaux voient dans cette liberté, l'un des noeuds de fond sur lequel se joue le destin de la démocratie en Italie.

Consensus et dissension sont désormais étroitement liés dans la société de masse, à l'émission de messages politiques. Et cela est valable aussi bien pour le droit des forces politiques de transmettre leurs propres propositions, que pour ce qui concerne le droit des citoyens de connaître pour mieux choisir.

On a pu constater qu'à chaque fois que les citoyens ont été mis en mesure de connaître les grands thèmes d'affrontement de la lutte politique grâce à une information adéquate, arrachée la plupart du temps, par les luttes démocratiques dont les radicaux ont été en grande partie les promoteurs, le pays a choisi dans le sens de la liberté et du changement.

C'est ce qui est arrivé ponctuellement à toutes les batailles radicales pour les droits civils et qui ont trouvé leur niveau maximum le 13 Juillet 1974 avec le référendum sur le divorce. Il ne peut y avoir de bataille de masse et donc de choix vraiment démocratique sans l'exercice concret de la liberté d'information. Par conséquent, référendum et information sont étroitement et inévitablement liés.

Les radicaux localisent donc, dans l'absence de respect, à la fois des normes constitutionnelles et des lois de l'Etat, et en particulier la loi de réforme approuvée en 1975, de la part de la Rai-tv, l'un des plus grands obstacles, non seulement à la campagne de référendum du PR mais à l'institut-même du référendum prévu par la Charte constitutionnelle et à l'exercice-même des droits politiques en Italie.

Le PR considère cependant que la bataille pour les huit référendums en cours aujourd'hui, ne peut-être dissociée d'une bataille pour une information libre et correcte de ceux-ci et par conséquent sur toute autre initiative de référendum qui sera prise à l'avenir, quelle qu'en soit le bloc politique promoteur.

Le Congrès extraordinaire du PR, considéré,

- que la Rai-tv "réformée" de 1977, selon l'étude faite par la "Demoskopea", pour une période d'échéances dramatiques et importantes des batailles radicales, ayant culminé avec le Jeûne, duré 73 jours, du secrétariat national, du président du conseil fédératif et d'autres militants et dirigeants, et avec la présentation et le lancement politique de la campagne pour les huit référendums, n'a consacré au PR et aux batailles pour les droits civils et les alternatives, que 1,8 % des citations politiques dans ses bulletins d'information, en se conformant ainsi à la pratique corporative inaugurée par le fascisme et poursuivie par le régime Dc selon lequel les nouvelles doivent-être divulguées, non pas en fonction de leur contenu, mais en fonction de l'autorité présumée de la source de laquelle elle provient;

- que même la Commission parlementaire de contrôle sur la Rai-tv avait été obligée devant l'évidence des faits, de censurer pour cette raison, le comportement de l'organisme radio-télévisé, et que par la suite, le comité restreint de cette Commission, a préféré s'assumer la responsabilité de contredire de façon retentissante cette position, plutôt que consentir aux citoyens de connaître l'initiative de référendum et les mettre ainsi en condition de pouvoir la juger et l'évaluer;

- que même ce très grave comportement de la Commission a été tout à fait ignoré par la presse;

- considère que, malgré une telle censure systématique opérée sur toute l'information de régime, la réalisation des 320.000 signatures authentifiées des citoyens électeurs sur chaque référendum et des 48 millions d'autofinancement suite à la souscription lancée par le Congrès, démontre encore une fois que les positions et les batailles radicales et libertaires dans le pays, ne représentent pas uniquement les citoyens déjà orientés à exprimer électoralement leur propre consensus au PR, mais comme hier pour le divorce et l'avortement, représentent la grande majorité du pays, en préfigurant un grand bloc historique démocratique alternatif au régime dc.

Le Congrès confirme et renforce, dans l'élan d'un tel résultat, l'engagement de tout le parti, de ses associations, de ses militants, pour la réalisation des 380.000 signatures encore nécessaires au succès de la campagne de référendum et des autres fonds nécessaires pour l'autofinancement du parti.

Il rappelle, en confirmant le net refus de toute utilisation, sous quelque forme que ce soit ou à quelque titre que ce soit, du financement public qui revient au PR, qui seulement avec la continuation et le renforcement de la plus rigoureuse politique d'autofinancement, pourra non seulement, faire parvenir à la Cour de Cassation avant le 30 Juin, les 700.000 signatures pour les référendums, mais aussi, conditionner et marquer de manière profonde et décisive, la vie politique italienne des prochaines années.

Il souhaite qu'une telle pratique d'autogestion et d'autofinancement porte à exclure à l'avenir, pour tous les radicaux, le recours au moyen extrême de désobéïssance civile nonviolente constituée par le jeûne qui, dans la situation actuelle des moyens d'information de masse, ne pourrait que porter à des résultats dramatiques et dangereux.

Il adresse un pressant appel aux militants radicaux, aux citoyens et aux électeurs socialistes, communistes, démocrates, pour qu'au Printemps 1978, en Avril ou Mai, pour les trente-ans de l'entrée en vigueur de la Constitution républicaine, il soit donné à l'Italie laïque, démocratique, anti-autoritaire et socialiste, qui a grandi et mûri à travers les batailles sociales et civiles de ces dernières années, de chasser dans l'opposition et la minorité, au Parlement et dans le Pays, le régime qui a hérité du fascisme, tout ce qui après la Résistance et la Libération était encore possible de proposer et de perpétuer, en plongeant le pays, trente après, dans la spirale du désordre, de la corruption et de l'effritement économique et civil, desquels, seules les grandes batailles populaires et alternatives peuvent espérer le sauver.

Le Congrès, en Confirmant les objectifs de lutte déjà approuvés dans la motion précédente, pose les objectifs immédiats et relatifs à l'information, suivants:

1) la requête de services d'information sur les contenus et les motivations des huits référendums de la durée de 15 mn au mois pour chacun, dont une partie autogérée, à émettre par les réseaux radiophoniques et télévisés, à titre de réparation pour l'information manquée de la part de la Rai-tv, depuis la présentation des requêtes de référendum à la Cour de Cassation en Janvier dernier;

2) la requête de deux débats de la durée de 90 mn chacun, à laquelle participent tous les partis politiques afin que les citoyens puissent connaître les positions des différentes forces politiques sur l'initiative-même;

Pour réaliser ces objectifs, le Congrès:

- convoque pour les 12 et 13 Mai, deux journées de mobilisation nationale pour la liberté d'information radiotélévisée, avec l'indication aux inscrits et aux associations, de mettre en acte les nécessaires actions directes et de désobéïssance civile;

- établit d'investir de ces requêtes, non seulement le conseil d'administration de la Rai-tv, la présidence de la Chambre et du Sénat, la Commission interparlementaire de contrôle, mais aussi les travailleurs, les journalistes et les employés de la Rai-tv et leur représentants syndicaux;

- établit de demander au Président de la Cour Constitutionnelle, la mise à l'ordre du jour immédiate de la question de légitimité constitutionnelle sur la loi de réforme soulevée par Juge de paix de Rome le 3 Janvier 1976 et jusqu'à présent, avec une très grave responsabilité, ignorée par la Cour elle-même, pour que soit finalement éclaircie la légitimité de certaines normes de loi de réforme et de certaines compétences de la Commission parlementaire de contrôle;

- établit de promouvoir un procès judiciaire à la Rai-tv pour dommages, dépenses matérielles et tout autre empêchement consécutif de sa propre activité, pour suppléer au non-respect de la part de la Rai-Tv de ses devoirs constitutionnels et légaux;

- invite le secrétariat national à organiser, si cette démarche devait se révéler inefficace, une campagne de masse de désobéïssance fiscale sur la redevance Tv;

- établit enfin, de convoquer, dès à présent, pour le mois de Juin, une grande rencontre radicale sur l'information dans laquelle pourront-être débattus à fond et délibérés, les modes et les temps de la lutte démocratique pour le recouvrement de cette liberté désormais étroitement liée aux destins de la démocratie.