Je ne connais pas personnellement Yolanda, mais je ne m'étonne pas qu'elle ait attendu si longtemps avant de révéler l'histoire de sa vie. Auparavant, elle a déjà fait plusieurs tentatives mais elle n'a pas été crue. Il est incroyable qu'elle ait finalement persévéré. Dans mon cabinet, je reçois les victimes de violences comparables et je sais que l'angoisse des représailles est immense. Cela exige un courage presque surhumain, de se soustraire à ce genre de menaces dont ils ont dû être l'objet pendant des années, et d'ensuite se rendre à la police. A la simple idée de faire appel à la justice, la plupart des patients ayant vécu une histoire similaire sont pris de panique. Yolanda dit que ne pas être crue est un des cauchemars qui la poursuivent. J'ai déjà entendu cela dans la bouche d'autres patients. Ce genre de pratiques est souvent entouré d'un climat d'incrédulité et par conséquent elles se maintiennent. On peut ainsi comprendre que la fonction publique ne prenne visiblement pas au sérieux une telle victime - et chose plus grave - on pourrait considérer cela comme un "crime. parfait", parce que ses principales issues de secours sont par là même barrées, et sa méfiance vis-à-vis du monde extérieur entière. Je ne plaide pas pour que toutes les déclarations de viol ou de mauvais traitements soient automatiquement tenues pour vraies. Il existe aussi comme un scepticisme sain, face à, par exemple, des histoires de ce genre dont le contenu s'est avéré, après examen, incompatible. Mais je plaide pour que les dépositions soient prises au sérieux. Il faut combattre l'attitude d'incrédulité. Et c'est pour cette raison que le récit de la vie de Yolanda est si important. Plus la cruauté qu'elle décrit éclate au grand jour, plus les policiers, les assistants sociaux, les enseignants, les voisins prendront conscience que ce qu'elle décrit est réellement arrivé. Il faut être plus attentif et prendre plus au sérieux les signes indicatifs de ce genre de pratiques. Dans le cas de Yolanda, un certain nombre de policiers ont finalement été perspicaces. Pourvu que leur attitude n'inspire pas seulement leurs collègues, mais aussi le service de la Santé publique, que par la force des choses les policiers ont dû prendre en considération. Hélas., l'inceste apparaît trop souvent comme un "crime parfait": les preuves tangibles n'existent pas ou plus; la parole de la victime (et surtout les symptômes du stress après le traumatisme) s'oppose souvent à la parole du coupable. Dans le cas de Yolanda, il ressort du premier procès que des preuves ont été trouvées. Mais elle a aussi dû faire l'expérience douloureuse que certaines accusations ne puissent pas ou plus être prouvées. Certaines personnes y voient malheureusement une raison de penser que son histoire n'est pas exacte. Les cruautés extrêmes que Yolanda décrit n'existent pas seulement en situation de guerre comme en ce moment en ex-Yougoslavie, elles existent aussi près de chez nous. Partout, on s'étonne que la violence décrite dans ce livre soit passée si longtemps inaperçue et que la communauté d'Epe et d'Elburg - malgré les signaux que la victime a lancés - ne soit pas intervenue. Cela ne me surprend pas. Le fait qu'une communauté ne bouge pas est aussi lié à l'incrédulité dont je viens de parler. Les gens ont en général un nombre d'a priori fondamentaux sur le monde et sur eux-mêmes; entre autres qu'ils vivent dans un monde juste, que ce monde est prévisible et qu'ils sont relativement en sécurité. Les études 1 montrent que l'entourage des gens traumatisés par des crimes réagit encore avec trop d'indifférence. Par exemple la réaction des employés de banque vis-à-vis d'un collègue qui a assisté à une attaque à main armée, ou l'entourage des victimes de viol. Les victimes entendent: "Ce n'est sûrement pas si grave " et: "Tu y es sûrement pour quelque chose. " Ces dernières années heureusement, on assiste à des changements d'attitude, grâce à une bonne information et à une prise de conscience de ce qu'une telle chose peut arriver à chacun d'entre nous. Se rendre compte qu'un autre - que ce soit un voisin ou un collègue - a subi ce genre de chose signifie une atteinte aux illusions que l'on se fait de son propre monde, et cela éveille une angoisse primitive. Il ne faut surtout pas s'en mêler parce que cela met enjeu notre propre existence. On passe son chemin lorsque quelqu'un est attaqué par un groupe de jeunes parce qu'on ne veut pas y être mêlé. On entend des cris perçants chez les voisins mais on ne fait rien. Évidemment, il peut aussi être question de crainte de représailles, on avoue après coup qu'on a détourné la tête et enfin on en vient à reconnaître sa faute: les éventuels témoins préfèrent répondre qu'ils n'ont jamais rien vu ni entendu. Après la Seconde Guerre mondiale, on entendait le tristement célèbre Wir habenes nicht gewusst, de la bouche même de nos intègres voisins de l'Est. Bien qu'ils aient appris ce qui s'était passé de terrible sous leur régime, ils ne l'ont pas cru ou bien l'ont imputé à la propagande ennemie. On assiste ici à une atteinte à la représentation collective : incrédulité due à nos a priori fondamentaux: de telles choses ne se produisent jamais chez nous. Ne pas pouvoir s'imaginer, c'est aussi ne pas vouloir S'imaginer. Ainsi, les assistants sociaux, les psychothérapeutes, les scientifiques, les professeurs et les policiers se rendent coupables comme tout un chacun et cela est encore à rapprocher des a priori fondamentaux d'un monde sûr, etc. Il n'y a pas si longtemps, on a pu observer ce même comportement face à l'expérience de l'"inceste-sansplus ". Dans un manuel psychiatrique américain de 1980, il est établi que seulement une famille sur un million connaît l'inceste. Pour notre pays, cela reviendrait à quatre cas. Une étude néerlandaise (2) réalisée dix ans plus tard a prouvé que quinze pour cent des femmes font l'expérience de l'inceste, allant d'un contact sexuel unique à des relations sexuelles sadiques de longue durée impliquant plusieurs personnés. Non que l'inceste soit devenu populaire en dix, ans, mais jusqu'il y a peu, les victimes n'osaient rien révéler. Entre autres de peur de ne pas être crues et par crainte de menaces du ou des coupables. Si depuis dix ans, nous, membres de la société occidentale, pouvons envisager que l'inceste est fréquent, c'est grâce aux victimes qui, pour la première fois, ont osé parler, et au mouvement féministe qui a pris fait et cause pour elles. Le récit de Yolanda nous force à reculer les frontières de notre aptitude à croire : il est possible non seulement que des parents abusent de leurs enfants sexuellement mais aussi qu'ils soient capables de sévices encore plus graves. Nombre de victimes qui ont enduré une telle violence sont doublement punies. Elles ont non seulement vécu des malheurs inimaginables, mais, si elles les communiquent à l'extérieur, elles sont punies une deuxième fois par la société qui les prend pour des mythomanes. Certains coupables ou groupes de coupables en profitent: "Si tu vas à la police, ils te diront toujours que tu es folle. " Grâce à ce genre de perfidie, ils peuvent continuer et leurs méfaits restent cachés. En plus des menaces, l'incrédibilité et l'inaptitude à croire sont le couvert de ces pratiques. Il est frappant de voir que beaucoup de coupables d'inceste et d'autres violences sexuelles banalisent leurs activités. Ils ne veulent pas admettre la réalité des torts qu'ils ont causés. La psychiatre américaine Judith Herman a dit à ce sujet' 1. Judith Herman, spécialiste des victimes de violences Pour se soustraire à la responsabilité de ses actes, le coupable fait tout ce qui réside en son pouvoir pour favoriser l'oubli. Le secret et le mutisme sont ses armes par excellence. Si garder le secret n'est pas possible, le coupable s'en prend à la crédibilité de sa victime. S'il ne parvient pas à lui imposer complètement le silence, il essaye de s'assurer que personne ne l'écoute. À cette fin il manipule une série impressionnante d'arguments, de la dénégation la plus obtuse jusqu'à la rationalisation la plus sophistiquée et la plus convaincante. Après chaque méfait, on peut s'attendre aux mêmes excuses: cela ne s'est - jamais passé, la victime ment, la victime s'est infligé elle-même ce traitement et, par-dessus le marché, il est temps de laisser le passé derrière soi et d'avancer Plus le coupable est puissant, plus grande est sa prérogative de mettre la réalité de son côté et plus grands seront les effets résultant de ses arguments. Les menaces auxquelles Yolanda a été exposée sont analogues à celles en vigueur dans d'autres milieux de sadiques extrêmes. Dans ces milieux, un mot de trop signifie la mort. Il y a, dans ce genre de cercle, toutes sortes de manières sadiques de faire pression sur les victimes. Les individus sadiques peuvent trancher la gorge d'un petit chat devant les yeux d'un enfant, pour ensuite agripper l'enfant et le menacer de lui faire subir le même sort s'il venait à parler. Ce genre de chose arrive souvent et peut se présenter sous différentes formes, selon le degré de sophistication et de cruauté du sadique. "Si tu parles, tu seras enfermé dans un asile et tu sexuelles et auteur de Trauma and Recovery (paru en néerlandais sous le titre Trauma en Herstel et de Father/Daugther Incest. n'en sortiras plus jamais, tu iras en prison, ta mère tombera gravement malade, nous nous vengerons sur'. tes enfants, etc." Lorsque de telles menaces sont proférée§ dans des circonstances particulièrement redoutables, elles obnubilent sans doute celui à qui elles sont destinées : elles le marquent profondément, si bien que celui-ci y repense automatiquement et de la même manière chaque fois que quelque chose de similaire se reproduit. Prenons un exemple : un homme adulte raconte qu'à dix ans il est allé en vacances tout l'été à un, endroit dans le pays. Là, un type a abusé de lui jour et nuit de manière extrême et lui a répété sans cesse que s'il parlait de cela, où qu'il soit et quel que soit le moment, il le retrouverait. L'homme qui m'a rapporté cette expérience est très intelligent et critique. Il m'a cependant confié une semaine plus tard que, dans la rue, il se retournait pour s'assurer que le type de son enfance ne le suivait pas. En d'autres mots, les menaces très anciennes ont chez lui un effet de suggestion posthypnotique. Lorsque à l'époque, il a été exposé à ces menaces, il n'était pas capable de réfléchir de manière critique au caractère de ces menaces. Comment les gens survivent-ils à ce genre de harcèlement innommable dont, déjà enfant, ils ont été les victimes ? Beaucoup de gens ont été traités dès leur' plus jeune âge de manière gravement perverse par ceux qui auraient dû précisément les protéger. En réaction à cela, l'enfant développe un trouble associatif, comme un syndrome de la personnalité multiple. Pour pouvoir survivre à l'expérience d'une telle violence, l'enfant se détache, d'un point de vue psychique, des événements traumatisants. En d'autres mots, l'enfant a la capacité de s'extraire naturellement de la situation. Le syndrome de la personnalité multiple débute en règle générale bien avant l'âge de dix ans, peut-être parce qu'à ce moment-là une plus grande flexibilité de la personne rend possible une division de la personnalité et permet que celle-ci devienne un mode de vie. La dissociation peut grosso modo se produire de deux manières. Premièrement par un détachement partiel, comme chez les victimes d'accidents de la route: ils sortent pour ainsi dire d'eux-mêmes et observent de l'extérieur. J'ai un jour parlé à un militaire israélien qui s'était fait hisser hors d'un tank en flammes. La même expérience m'a été racontée par une femme qui avait été presque étouffée dans un hôpital. Elle assistait à l'événement comme une observatrice et voulait, en fait, dire aux médecins de ne pas brutaliser ainsi son corps. Elle ne se sentait pas oppressée et ne souffrait pas. Elle regardait les événements se dérouler. Dans ces cas-là, le corps n'est pas sans conscience. En d'autres mots, une autre partie de la personnalité subit bel et bien les choses. Dans les autres cas de dissociation, la victime se replie entièrement sur elle-même, soit elle s'imagine qu'elle s'envole au-dehors, soit elle se cache dans une armoire; bref, ce qu'elle veut, c'est ne plus être là du tout. Cette partie de la personnalité n'a aucune conscience de ce qui se passe. On parle alors de dissociation totale. Les victimes parlent elles-mêmes de black-out: il semblerait qu'elles n'aient plus aucun souvenir. Nous rencontrons cela dans les thérapies lorsqu'un patient - après s'être plaint d'étourdissements, de stress et d'angoisses inexplicables - se souvient d'images qu'il lui est impossible de situer, qu'il a vraisemblablement dû "oublier ". Revivre les images avec toutes les sensations qui s'y rattachent est pour le patient une expérience traumatique. Il pense généralement que ces images sont le produit de son imagination, qu'elles n'ont aucun rapport avec lui; c'est aussi bien sûr ce qu'il souhaite par-dessus tout. Les coupables exploitent cela en disant à la victime qu'elle n'est qu'une mythomane et qu'à cause de ses affabulations, ses parents et d'autres personnes vont être accusés injustement: survivre à ce genre d'expérience traumatique n'est alors possible que grâce à une dissociation de la personnalité. Certains coupables ont été, dans leur jeunesse, euxmêmes des victimes, et conjurent leurs propres souffrances en les infligeant à d'autres. Les victimes de l'inceste viennent souvent de familles dont les parents ont été eux-mêmes victimes de l'inceste. J'insiste cependant sur le fait que l'inverse n'est pas nécessairement vrai : les victimes de l'inceste et des actes de violence extrême ne les infligent pas nécessairement à autrui ! Pour survivre à une violence prolongée, il arrive que la victime s'identifie au coupable. C'est ce qui explique probablement le phénomène selon lequel certains coupables ont été eux-mêmes les victimes des violences qu'ils infligent. L'identification est la source du sentiment de vengeance : les personnes qui ont connu la violence risquent d'avoir des problèmes d'agressivité et d'infliger à d'autres les traitements qu'ils ont subis. Certaines personnes dirigent cette agressivité contre ellesmêmes: par exemple sous la forme d'autodestruction ou de tentatives de suicide. D'autres dirigent cette agressivité sous la forme par exemple de violences sexuelles envers d'autres personnes ou leurs propres enfants. Il existe aussi des victimes de violences sexuelles comme l'inceste qui finissent par se prostituer. Il est alors question d'une répétition du traumatisme sexuel sous une forme plus ou moins acceptée socialement par une partie de la personnalité, mais dans le rôle de celui qui décide et non dans celui de la victime sans défense. je peux comprendre que les gens qui ont été victimes de comportements sadiques puissent, par rage et par haine, nourrir des fantasmes comme celui de couper quelqu'un en tranches, etc. La violence sadique que Yolanda, a connue s'est manifestée sous des formes de plus en plus extrêmes; ce n'est pas un phénomène inhabituel. Le sadisme peut présenter les symptômes de la toxicomanie. Il n'y a pas que les drogues qui créent une dépendance, l'excitation sexuelle aussi. À l'instar des fous du volant ou des coureurs de fond, qui ne peuvent plus se passer de leur hobby parce que le corps s'y est adapté - et donc accoutumé -, nous sommes confrontés ici à une accoutumance à la violence, alliée au sexe. De la même façon qu'avec le temps, il faut augmenter les doses de somnifères pour obtenir un même résultat, le sadisme prend, si personne n'intervient., des formes de plus en plus extrêmes. je crains que les gens capables de comportements sadiques, tels que Yolanda les décrit, ne se limitent pas à une poignée de marginaux. Beaucoup de personnes respectables pensent qu'elles n'auraient jamais fait cela, quant à moi je n'en mettrais pas ma main au feu. L'occasion ne fait pas seulement le larron, mais aussi l'assassin. Dans de telles circonstances, je dirais que la majorité des hommes sont capables de tels comporte-, ments. Le livre Doodgewone Mannen (Des hommes ordinaires) 1 'de l'historien Browning parle d'un bataillon de policiers de réserve de Hambourg pendant, la guerre. À l'exception de quelques officiers nazis, il s'agissait de simples citoyens, démocrates moyens, trop âgés et inapte§ pour le front, par conséquent mobilisés pour la réserve. Ils s'ont envoyés en juillet 1942 en Pologne. À peine arrivés, le commandant leur ordonne d'exterminer toute la population juive du village de Josefow: dixhuit mille hommes, femmes et enfants. Il est lui-même démoralisé et permet donc à tous ceux qui ne s'en sentent pas la force de ne pas exécuter l'ordre. Douze hommes sur les cinq cents, même pas 2,5 %, acceptent cette proposition. Il suffit de quelques événements de ce genre pour faire de ce bataillon 101 une machine à tuer bien huilée. Le psychologue américain Stanley Milgram a effectué un test sur un groupe de personnes sélectionnées au hasard. Il leur a demandé d'administrer à des étudiants des soi-disant électrochocs de plus en plus forts, sous prétexte de chercher à savoir si ceux-ci apprendraient mieux sous l'effet de la contrainte. Les personnes testées ne savaient pas que "les étudiants" jouaient le jeu. Personne ne s'est arrêté avant que la "victime" dans l'autre pièce n'ait commencé à hurler, comme elle en avait reçu l'instruction (à 300 volts). Deux tiers ont continué jusqu'à la fin (450 volts), mal- 1. Christopher Browning, Doodgewone Mannen, Arbeiderspers, 1992. gré les cris, les gémissements et les coups de pied contre le mur. Le traitement des personnes qui ont dû endurer des atrocités comme celles que relate Yolanda doit se faire selon la devise "aller lentement pour aller plus vite". La thérapie exige beaucoup de temps et comporte des risques. Beaucoup de patients qui ont des passés plus ou moins semblables nourrissent des pensées suicidaires qui sont reliées à des situations du passé où elles ont été maltraitées: ces situations étaient si inéluctables et si insupportables que la mort apparaissait comme la seule issue. Une telle tendance peut refaire surface durant la thérapie, notamment lorsque les souvenirs traumatiques entrent en ligne de compte. Il y a aussi des patients qui veulent que le thérapeute les aide à "recouvrir" autant que possible leur traumatisme. Ils apprennent ainsi à vivre un tant soit peu dans le présent, mais ne disposent pas de tout leur passé. Yolanda, par exemple, dit ne se souvenir que des événements et pas des sentiments éprouvés. Que ce livre ne soit pas l'objet de malentendus. Il n'est question que d'une victime qui prend le point de vue de l'observateur et raconte son histoire en faisant abstraction du côté émotionnel et physique. Comme il est dit dans la préface, il s'avère que le récit de sa vie ne s'est pas fait sans difficultés. Les émotions et sentiments traumatiques sont encore présents. Dans le traitement pour lequel nous avons opté, ces émotions doivent remonter à la surface petit à petit. La réintégration présuppose que le patient fasse part au thérapeute des différents aspects de ses expériences traumatiques dans un climat de sécurité. Sécurité signifie: on me comprend et ici, il ne peut rien m'arriver Les souffrances du passé doivent être revécues, mais pas toutes les souffrances ni toutes les violences. Si quelqu'un a été violé quatre cents fois par son père et que chaque expérience a été traumatique, à ne faut pas que chaque expérience soit rappelée. La gravité et la durée des mauvais traitements rendent la thérapie plus compliquée et plus longue. L'affaire d'Epe est-elle un cas isolé ? je crains que non. Je soupçonne qu'il existe aux Pays-Bas et ailleurs des réseaux de sadiques sexuels extrêmes. D'après Andrew Vachss, un avocat et écrivain américain qui prend la défense des enfants victimes de viols et de mauvais traitements, il est presque impossible de s'infiltrer dans les cercles de sadiques sexuels. Dans certains de ces cercles, un nouvel arrivant est par exemple laissé seul dans une chambre avec un enfant. S'il ne le touche pas, il montre sa véritable nature. Lorsqu'un candidat est accepté, il lui devient très difficile d'en sortir. Non seulement à cause d'une certaine accoutumance à la violence mais aussi parce qu'il est devenu complice ; c'est également ainsi que le considèrent les autres. Nous avons donc affaire à une pression de groupe et à un sentiment de culpabilité : se retirer signifie reconnaître que l'on est coupable. Une condition indispensable pour pouvoir s'attaquer à ce petit monde lugubre est que celui-ci soit mieux connu. Nous aurons donc besoin de témoins comme Yolanda. (Le professeur Onno Van der Hart est détaché, en qualité de professeur extraordinaire, à l'Université d'Utrecht.) R. Janoff-Bultman, spécialiste en psychologie sociale, Shattered Assumptions, Frec Press, 1992. 2. Dr Nel Draijer, spécialiste en psychologie clinique, Seksuele Traumatisering in de Jeugd : Gevolgen op lange termijn van seksueel misbruik van meisjes door venvanten, éd. S.U.A., 1990. Chronologie Période du 43, Laarenk, Epe: 1979 (onze ans) : naissance du premier enfant (placé dans une famille inconnue ?). 1980: avortement au moyen d'une solution savonneuse ("lavement d'enfant "). 1980 avortement après avoir été jetée dans l'escalier. 1981 avortement au moyen d'un tisonnier. Période du 40, rue Martin Luther King, Epe: 1981 : naissance du mongolien Danny, mort dans un congélateur. Mars 1982: naissance provoquée et meurtre de Jamy et Melany. Avril 1983 : avortement légal à l'hôpital Juliana, Apeldoorn. 1983 : avortement au moyen d'un vibromasseur et d'autres instruments. 4 mai 1984 : naissance et meurtre des jumeaux, Sjon et Sanne. 1984: avortement au moyen d'un tisonnier brûlant. 1985 : avortement provoqué après avoir traîné la victime derrière une voiture. 1985 : avortement avec des piques à barbecue. Période du 9, Boeg, Elburg 3 mars 1986: naissance de Max. 1986: avortement au moyen d'un tisonnier brûlant. 8 juin 1987: naissance de Barbara. 1987 : avortement au moyen de bougies. 1988 : avortement suite à des mauvais traitements. 17 août 1988: naissance de Mieke. 1988: avortement par courant électrique. 1989: avortement au moyen d'un goulot de bouteille brisée et lavement. 1989 : avortement suite à des mauvais traitements. 18 octobre 1989 : naissance et meurtre de Patrick. 1990: avortement par un courant électrique. 1990: avortement au moyen d'un conduit du chauffage central. Dernière période Décembre 1990: fausse couche. Novembre 1993: fausse couche après insémination articielle. Cet ouvrage a été composé par lImprimerie BUSSIÈRE et imprimé sur presse CAMERON dans les ateliers de Bussière Camedan Imprimeries à Saint-Amand-Montrond (Cher) en octobre 1995 No
d'édition: 172244. NI d'impression: 2460-1/2217 |