"LES ENFANTS DISPARUS ET ASSASSINES, UNE AFFAIRE D'ETAT"

(Marc Verwilghen, le 20 avril 1999)


de Françoise Van de Moortel (*)


Julie et Melissa ont été enlevées à Grâce-Hollogne il y a cinq ans.
Pendant toute une année de calvaire, leurs parents ont été les seuls à se battre pour retrouver les petites filles face à une justice routinière, indifférente, voire hostile.

Il y a quatre ans déjà que leurs dépouilles ont été exhumées du jardin de Marc Dutroux.

Les parents des victimes et tous les belges savent aujourd'hui, grâce au travail de la commission d'enquête parlementaire et à l'acharnement de quelques journalistes d'investigation, que le 7 juillet 1995, treize jours après l'enlèvement, le nom d'un certain Dutroux, déjà lourdement condamné pour des faits de viol, se trouvait à titre de suspect principal sur un document en possession du chef d'enquête de la gendarmerie locale.
LA JUSTICE ETAIT AU COURANT DEPUIS 1993 DES PROJETS DE DUTROUX D'AMENAGER DES CACHES DANS SES CAVES ET D'ENLEVER DES ENFANTS !
Mais nous ne savons toujours pas pourquoi les petites filles n'ont pas été sauvées, pourquoi la justice n'a pas arrêté Dutroux !
Nous ne savons pas pourquoi les institutions judiciaires ont sacrifié la vie de Julie, Melissa, mais aussi d'An et Eefje enlevées par Dutroux deux mois plus tard, ni pourquoi elles auraient laissé mourir Sabine et Laetitia et combien d'autres, sans l'arrivée inopinée dans l'enquête des magistrats de Neufchâteau, petit parquet de la province ardennaise .

La clé de l'énigme est là : le travail bien fait de Bourlet (1) et Connerotte (2) sur la disparition de Laetitia à Bertrix, est-il le petit grain de sable qui a enrayé une machine judiciaire qui par aveuglement, corruption, chantage ou simple laxisme, a fonctionné depuis des années en complice de fait des enlèvements d'enfants et des réseaux de pédophilie en Belgique ? Une machine judiciaire qui s'est rapidement remise en route lorsqu'il s'agissait de camoufler ses dysfonctionnements et d'étouffer les découvertes effarantes de la commission d'enquête parlementaire

En quelques semaines, l'équipe Bourlet-Connerotte a découvert les corps de Julie, Melissa, An, Eefje, Loubna, et sauvé Sabine et Laetitia. En quatre ans, Langlois (3) n'a pas avancé d'un pouce: on ne sait toujours RIEN sur l'enlèvement, la séquestration, les sévices subis, les circonstances de la mort des fillettes.

- QUI a enlevé Julie et Melissa ?
Dutroux ? Son complice Weinstein qu'il a assassiné ? Une autre personne ? Avec quel véhicule ? A quel endroit exactement ?
Dutroux nie être l'auteur de l'enlèvement dont l'accuse son épouse Michèle Martin…
Le juge d'instruction Langlois n'a pas estimé devoir examiner les autres pistes. Pourquoi ?
Ce n'est que sur l'insistance des parents et de leur conseil et par décision judiciaire qu'une reconstitution des faits a eu lieu le 27 juin 2000 .
Mais cette reconstitution telle que l'a organisée le juge d'instruction n'a été qu'une mascarade douloureusement blessante pour les parents : seuls trois " témoins " sur 25 ont été retenus par le juge ! Parmi ces témoins : la mère de Melissa invitée à refaire le chemin parcouru à la recherche des enfants et la vielle dame dont on connaît le témoignage. Carine Russo a d'ailleurs refusé d'y participer.
- OU Julie et Melissa ont-elles été séquestrées ?
- OU ont-elles pu être emmenées ? Pourquoi n'a-t-on pas vérifié les témoignages sur la présence des fillettes dans un lieu de débauche de Charleroi ?
- POUR QUI et POURQUOI a-t-on enlevé Julie et Melissa ? Quel est le mobile de leur séquestration ?
Dutroux n'est pas considéré comme pédophile par les psychiatres. Il déclare avoir enlevé Julie et Melissa pour les élever en famille ! Pourquoi enlève-t-il alors An et Eefje deux mois plus tard et ensuite Sabine, puis Laetitia si ce n'est comme il l'a déclaré à plusieurs reprises à des complices " parce que cela rapporte gros " ?
Pourquoi affirme-t-il à son complice Lelièvre que l'enlèvement de An et Eefje est une commande ?
Et surtout pourquoi le juge d'instruction Langlois semble-t-il ignorer totalement ces affirmations qui font signe de manière répétée vers l'existence d'un réseau ?

COMMENT ET QUAND les victimes de Dutroux sont-elles mortes ?

Pourquoi le juge Langlois consacre-t-il tant d'énergie à tenter de prouver que Dutroux, l'ami de Michel Nihoul organisateur de partouzes, accusé par son ex-femme et complice d'être au centre d'un trafic de cassettes pornographiques et pédophiles, récidiviste, n'est qu'un simple " prédateur isolé " ?
Il évite de faire les vérifications les plus élémentaires pour affirmer ensuite que " l'enquête n'a rien pu prouver ".
Dans l'affaire Julie et Melissa, de nombreuses pistes très intéressantes n'ont pas été du tout prises au sérieux. On investit un maximum de moyens sur des pistes très peu probables, et les pistes les plus sérieuses ne sont pas suivies :
- la piste M. Ferret : l'individu chez qui on a retrouvé des albums de photos d'enfants prises dans le camp de vacances dont il était le concierge, en particulier des photos de Julie et Melissa et un tee-shirt de Melissa. Ce personnage connaissait Dutroux.
- la piste Feront : un informateur très fiable qui avait permis dans d'autres affaires de retrouver des pédophiles, et qui avait affirmé avoir rencontré un pédophile qui lui avait montré des photos parmi lesquelles il avait reconnu Melissa; la juge Doutrèwe, responsable de l'instruction sur la disparition de Julie et Melissa, refusera de prendre cette piste au sérieux durant un an….. Mais curieusement elle envoie un enquêteur interroger Feront quand l'arrestation de Dutroux par le juge Connerotte est imminente !
- la piste Piro : ce propriétaire de bars, dont certains se situent sur la route de Philippeville, là même où Dutroux a une maison, a téléphoné, le lendemain de la découverte des corps des petites filles, à la famille Lejeune pour lui dire qu'il savait ce qu'il était advenu des fillettes, et pour annoncer qu'il organiserait un grand banquet à l'occasion duquel il ferait des révélations; des dizaines de témoins diront qu'il leur a fait le même genre de confession; il sera assassiné peu de temps après, avant d'avoir pu organiser son banquet. Son épouse est condamnée pour crime passionnel ! Elle déclare avoir commandité l'assassinat de son mari pour des raisons personnelles.
- la piste Tagliaferro: ce ferrailleur, spécialiste de la démolition de voitures suspectes, dont il est prouvé qu'il connaissait la plupart des co-inculpés de Dutroux, sera également assassiné peu de temps après la découverte des corps des fillettes; sa femme affirme qu'il a été tué parce qu'il en savait trop sur la disparition des fillettes et elle se dit menacée à son tour; on la remballe en la traitant d'hystérique; peu de temps après elle succombe chez elle à un incendie dont les circonstances sont très suspectes; on conclut au suicide. Le dossier Tagliafero a été envoyé à Liège.
- la piste Diakostavrianos: complice de Dutroux, avec qui il a effectué plusieurs voyages en Slovaquie pour monter un réseau de prostitution.(Une cassette a été retrouvée chez Dutroux montrant le viol d'une jeune slovaque…) La voiture du " Grec " pourrait avoir servi à l'enlèvement de An et Eefje. Ce personnage apparaît déjà dans l'enlèvement d'Elisabeth Brichet à Namur en 1989. Inculpé dans l'affaire Dutroux, mais libéré en juillet 1997, il s'est rendu coupable de viol sur une jeune attardée mentale. Ce dossier, traité à Namur n'est pas joint au dossier Dutroux !

Cette thèse du " prédateur isolé ", qui est celle de la défense de Dutroux, et que le juge a fait sienne publiquement en août 1998 (avant le début de son instruction sur Julie et Melissa qu'il n'a commencée qu'en février 1999...) le conduit à des contorsions effrayantes de son instruction :
Il demande un rapport tardif à un nutritionniste pour établir à tout prix, selon la version de Michèle Martin, que deux petites filles de 8 ans ont pu survivre pendant 106 jours (pendant l'arrestation de Dutroux du 6 décembre 95 au 26 mars 96 ) dans une cache de 3 mètres cubes, sans ventilation ni lumière, en se nourrissant de conserves dont l'existence n'a même pas été établie et en consommant sagement des comprimés de Rhohypnol…
C'est Dutoux qui déclare avoir déposé ces conserves dans la cache où se seraient trouvées
les petites filles. Mais il change plusieurs fois de version sur la quantité de ces conserves
dont même la quantité la plus importante qu'il cite n'aurait pu assurer la survie des enfants…
Le rapport des experts nutritionnistes énumère sur plusieurs pages les nombreuses
raisons pour lesquelles il paraît impossible que les fillettes aient survécu et conclut :
" possible mais tout à fait improbable ".
Qu'en retient Langlois (devant la Chambre du Conseil) ?
" C'est possible. ".
Trois experts avaient établi, descriptions insoutenables à l'appui, que les fillettes avaient subi des sévices sexuels massifs; ces trois experts avaient eu accès aux corps des enfants. Trois ans plus tard, le juge Langlois ne trouve rien de mieux que de demander une contre-expertise, pour s'assurer que les déformations constatées sont bien dues à des viols ! ! ! L'expert nommé affirme que, n'ayant plus accès qu'à des photos et vidéos, il ne peut pas assurer à 100 pour 100 que les lésions sexuelles apparaissant sur les documents sont dues à des viols ! ! ! Conclusion très prévisible de Langlois: il faut laisser à Dutroux le bénéfice du doute.
Conclusion implicite: Dutroux aurait séquestré les petites durant plusieurs mois sans y toucher, ou, comme a osé l'affirmer un journaliste, que certains s'obstinent à prendre au sérieux, il avait l'intention de les entretenir paternellement et d'attendre qu'elles grandissent avant d'y toucher. Dutroux qui a violé de nombreux mineurs avant et après l'enlèvement de Julie et de Melissa!


Plusieurs personnes ont témoigné devant des enquêteurs de Neufchâteau sur les liens anciens qui existent entre Nihoul et Dutroux dans le milieu des partouzes depuis les années 80.
Dutroux n'était pas un provincial proche du quart-monde comme il a été décrit. Il fréquentait les piscines, les bars et les patinoires à Bruxelles, où il y a d'ailleurs rencontré sa future épouse Michèle Martin. Ses comptes bancaires attestent des rentrées d'argent inexplicables sinon qu'elles coîncident avec des morts et enlèvements de jeunes filles et d'enfants
Pourquoi ces éléments sont-ils tenus secrets ? Pourquoi les indices très nombreux et très sérieux de la complicité de Nihoul (cf.infra) sont-ils tenus comme nuls et non avenus par le juge Langlois ? Pour nier l'existence d'une véritable bande de pourvoyeurs d'enfants autour de NIHOUL et Dutroux ?

La piste Nihoul apparaît déjà dans un trafic d'enfants avant que n'éclate l'affaire Dutroux :
Un policier de La Louvière, Christian Dubois, reçoit, fin 1995, des plaintes nombreuses et fiables - venant d'enfants, mais également de parents et d'institutrices - l'informant que des individus circulant en Mercedes blanche suivent les enfants ou les photographient aux abords des écoles à Mons, La Louvière, Charleroi, Couvin, Thuin, Chimay, Beaumont. Dubois enquête et apprend que ces Mercedes appartiennent à la société de ferraillage ASCO installée à Onezies, près de la frontière française depuis 1994.
Or, Asco a été fondée par les tous proches de Nihoul, sa compagne, un grand ami, le patron du Dolo - boîte à partouzes - et celui-ci en a été le gestionnaire de fait. (La société va se lancer dans le trafic de voitures et pièces détachées. Nihoul est dans les trafics de voitures depuis 89).
L'informateur de Dubois affirme que Asco cache un réseau de trafic d'enfants qui sont séquestrés un temps en Belgique avant d'être exportés à l'étranger.
Lorsque Dubois communique cette information à René Michaux, responsable de la foireuse opération Othello lors de laquelle la gendarmerie était supposée surveiller Dutroux, celui-ci n'en fera rien, alors que l'information de Dubois rejoint exactement ce que savent les gendarmes grâce à une toute autre source: Dutroux aurait construit des caches pour y séquestrer des enfants destinés à être envoyés à l'étranger ! Et il ne songe pas plus à faire part à Dubois de l'étrange "coïncidence " !
L'équipe d' " Au nom de la Loi " (4) qui va consacrer par la suite toute son énergie à essayer de défendre la thèse de " Dutroux prédateur isolé " et traiter les X de folles, s'ingénie déjà sur base de déclarations d'une commissaire de La Louvière, à démontrer que l'affaire des Mercedes à la sortie des écoles n'est qu'une rumeur sans fondement alors que Julie et Melissa ont disparu !

Dutroux est en communication téléphonique permanente avec Nihoul le jour précédant l'enlèvement de Laetitia, le jour même de l'enlèvement et les jours suivants.

Plusieurs témoins ont vu Dutroux et Nihoul à la piscine où Laetitia a été enlevée le jour précédant l'enlèvement. Parmi ces témoignages celui, très fiable, d'une famille flamande qui donne des descriptions très exactes de la camionnette de Dutroux et de la poussette d'enfant de Michèle Martin.
Lors de leurs premiers interrogatoires, Dutroux, un de ses complices, Lelièvre, Annie Bouty (5) elle-même, reconnaissent au moins une fois que Nihoul mène la bande. " Nihoul me tue si je parle " précise Lelièvre; et, lors d'un quatrième interrogatoire, Bouty déclare que Nihoul est l'axe d'un réseau de cassettes pédophiles; à partir de ce jour, elle ne sera plus interrogée ! Le magistrat responsable déclarera devant la Commission d'enquête parlementaire qu'il a arrêté les interrogatoires après avoir reçu des menaces de mort….
Juste après l'enlèvement de Laetitia, Nihoul donne à Lelièvre des pastilles XTC (6) pour la somme de 500.000 francs; explication fournie par les deux larrons: il s'agirait de payer la réparation de la vieille voiture de Nihoul qui ne vaut pas plus de 50.000 francs, et qui d'ailleurs ne sera jamais réparée. Cela n'empêchera pas la justice de scinder le dossier également sur ce point, une justice qui semble croire Lelièvre sur parole lorsque celui-ci affirme qu'il pouvait revendre ces pilules 20FB la pièce, alors que le prix habituel tourne autour de 200FB !
Laetitia entend Dutroux parler au téléphone avec un certain "Jean-Michel " (prénom de Nihoul)…

Pourquoi Nihoul qui habite Bruxelles et qui se vante d'avoir tant d'entregent irait-il faire réparer sa voiture à Charleroi ?
Quand et comment a-t-il réellement rencontré Dutroux pour qui il déclare avoir " expertisé " dans l'heure une maison où Dutroux lui dit vouloir ouvrir un club de rencontres ? Est-ce vraiment par hasard, lors de l'été 95, après l'enlèvement de Julie et Melissa ? Ils avouent se revoir très vite pour discuter du montage d'un réseau de prostitution avec la Slovaquie. (voir le livre de Nihoul p.126,127,129)
D'après Nihoul, Lelièvre, qui lui a été présenté par le trafiquant d'armes et de drogue Casper Flier, " débarque chez lui tous les 15 jours " (p.128) et " Annie Bouty ne souffre pas Dutroux " (p.134). Alors qu'ils ne se sont que croisés ?
Nihoul est en contact avec Diakostavrianos pour lequel " il intervient auprès d'un juge de Paix. " (p.130).
Nihoul emmène Dutroux et Weinstein chez Bouty en Novembre 95 pour lui demander de lui fournir un passeport. Cet épisode se situe peu avant l'assassinat de Weinstein par Dutroux….
Nihoul informateur du gendarme Vanesse (inculpé par Connerotte et décédé depuis) donne des ordres à celui-ci; l'équipe de Connerotte avait trouvé deux messages adressés au gendarme par Nihoul: " Dutroux camion attendre " " Ne pas toucher à Lelièvre " !
Ces liens non-élucidés de Nihoul avec Dutroux et son entourage ne sont-ils pas matière a investigation et ne justifient-ils pas son maintien en détention ?

Nihoul est au centre des témoignages des " X ", victimes de la criminalité pédosexuelle en Belgique :
Regina Louf (X1) décrit exactement l'appartement d'Annie Bouty, compagne de Nihoul à l'époque où ce témoin affirme avoir été violé par Nihoul dans cet appartement; elle peut indiquer l'adresse.
Regina Louf désigne un manège où avaient lieu, selon elle, des partouzes avec mineurs auxquelles participait Nihoul. Vérification faite: Nihoul y a possédé un cheval à l'époque des faits relatés par R.Louf.
Les témoignages d'autres X recoupent celui de Regina Louf : non seulement mêmes acteurs : Nihoul, Van der Elst, mais description des mêmes lieux, des mêmes pratiques.
Dans l'enquête sur le meurtre de la Champignonnière (1984), apparaissent deux pistes importantes, qui ne seront pas exploitées par le juge d'instruction Van Espen, ces deux pistes mènent au milieu de Nihoul :
Un coup de fil anonyme dit aux enquêteurs d'aller voir du côté du Dolo (7) s'ils veulent apprendre quelque chose sur ce qui s'est passé à la Champignonnière. Le commissaire qui sera chargé en 1997 de l'enquête sur le Dolo venait lui-même y partouzer !
Une piste mène à Radio-Activité, radio libre où Nihoul travaillait à l'époque.

Nihoul, qui affirme n'avoir jamais touché de mineurs, fréquentait des pédophiles.
Nihoul connaît plusieurs pédophiles dont, à Bruxelles, Corvillain, qui a une société soupçonnée de couvrir un trafic d'enfants et de cassettes pédophiles. Il lui rend visite régulièrement, en particulier après être passé chez sa dentiste qui a son cabinet dans le même immeuble: celle-ci sera retrouvée " suicidée " en pleine affaire Dutroux, peu après qu'elle eut déclaré que Nihoul allait rendre visite à Corvillain après être passé chez elle; il faut encore savoir qu'elle a été la maîtresse de X qui fut également l'amant de Bouty, et qu'elle s'est fait escroquer pour des millions.

Tous les acteurs et complices de l'enlèvement de Julie et Melissa arrêtés par le juge Connerotte en août 1996, sont actuellement en liberté, à la seule exception de Dutroux, son épouse Michèle Martin, et Michel Lelièvre qui avoue sa participation à l'enlèvement de An et Eefje…
L'avocat radié du barreau, Michel Van der Elst, qui a fourni l'alibi principal de Nihoul pour le jour de l'enlèvement de Laetitia, s'est rétracté il y a quelques mois; ce même Van der Elst avait déjà fourni un faux alibi lors de "l'enlèvement " de l'ancien premier ministre PSC Van den Boeynants par la bande Haemers et s'était retrouvé en prison.(Patrick Haemers apparaît comme suspect, ainsi que Nihoul, dans le dossier des " Tueries du Brabant ".)
Pourquoi le juge Langlois ne décerne-t-il pas un nouveau mandat d'arrêt contre Nihoul qui n'a plus d'alibi pour la préparation de l'enlèvement de Laetitia ?
Michel Nihoul parade sur les écrans de télévision et lance habilement ses messages à ceux qu'il a la possibilité de faire chanter.


Pourquoi les procureurs généraux ont-ils, contre l'avis de la commission d'enquête parlementaire, " saucissonné " le dossier Dutroux ?
La dispersion des dossiers " connexes " à l'enlèvement de Julie et Melissa fait partie d'une stratégie bien connue de l'étouffement d'une affaire.
Le dossier " trafics de voitures " de Marc Dutroux et de ses complices (Weinstein, Nihoul etc...) doit éclairer les relations de Dutroux avec la mafia de Charleroi et peut expliquer les protections ou la " bienveillance " que lui ont manifestés certains policiers et magistrats dont la commission d'enquête a pointé les relations douteuses avec la criminalité organisée. Ce dossier est enlevé au juge Gérard de Neufchâteau et envoyé à Nivelles (chez des magistrats surchargés). L'affaire de vol d'un camion dans laquelle Dutroux et des gendarmes et anciens gendarmes sont impliqués, à Grâce-Hollogne la commune où résident les familles Russo et Lejeune, est envoyée à Charleroi !
Dutroux est jugé séparément à Charleroi pour la séquestration de trois personnes en novembre 95 autour de cette affaire de camion volé.
Le dossier Tagliaferro est envoyé à Liège.
De fait, ce " nettoyage " complaisant des procureurs généraux va permettre, comme l'a souligné le président de la commission d'enquête, d'éviter un vrai procès du crime organisé en Belgique.
L'éparpillement des dossiers gêne aussi les parents de victimes, empêchés de demander l'accès à ces dossiers devenus " connexes " et les contraint à se porter partie civile dans chaque affaire !
Il est à noter qu'en Belgique, si l'inculpé détenu à accès à tous ses dossiers, ce n'est pas le cas des victimes qui doivent en faire la demande au juge d'instruction qui décide de manière arbitraire quels dossiers elles peuvent consulter et copier au tarif scandaleux de 70FB la page double face.
Ainsi le défenseur des parents de Julie et Melissa s'est vu refuser par le juge Langlois l'accès au dossier de feu Weinstein, assassiné par Dutroux, " eu égard au respect des victimes et de leurs " parents!

Pourquoi les instances judiciaires ont-elles arrêté brutalement en 1997 les vérifications qui commencent à être concluantes, des témoignages des " X " sur l'existence de viols, tortures, mises à mort d'enfants et de bébés, tournage de snuff-movies lors de " soirées " organisées dans la " bonne société " belge ? (Ou l'on retrouve Michel Nihoul..)
Pourquoi les enquêteurs De Baets et Bille qui recueillaient ces témoignages ont-ils brusquement été écartés, rétrogradés, accusés de malversation dans leurs enquêtes alors que deux ans d'instruction judiciaire à leur charge n'ont pu aboutir qu'à un non lieu total ?
Pourquoi ces gendarmes ne sont-ils pas réhabilités dans leur fonction ?
Pourquoi les gendarmes connus, auteurs des faux documents destinés à leur nuire, ne sont-ils pas poursuivis ? (Un point de détail selon le procureur du roi de Bruxelles…)
Pourquoi trois parquets arrêtent-ils l'enquête en même temps précisément le jour où un des suspects principaux, Tony, avoue avoir eu des relations sexuelles avec Regina Louf à l'âge de 12 ans (ce qui est un crime au regard de la loi ) avec l'accord de ses parents et l'avoir " prêtée " à des amis ? (Le jour des aveux de Tony, le 23 avril 98, Dutroux fait une tentative d'évasion très suspecte d'avoir été encouragée…)
Pourquoi la " relecture " des dossiers X confisqués à De Baets et Bille et confiée à une autre équipe de gendarmes par le juge Langlois n'a-t-elle pas été remise comme promis à plusieurs reprise à la Commission d'enquête parlementaire avant la fin de ses travaux ?
Pourquoi cette " relecture " est-elle toujours des années plus tard, " insortable " ?
Pourquoi l'enquête sur ces témoignages capitaux des " X " n'a-t-elle pas repris dès lors qu'aucune faute n'a été commise par l'équipe de De Baets et qu'il a donc de très sérieuses raisons de penser que leurs témoignages sont largement crédibles, même si et surtout si leurs récits sont insoutenables ?

Pourquoi d'autres équipes d'enquêteurs bien rodées sont-elles subitement démantelées
ou certains éléments qui font trop bien leur travail de recherche en sont-ils écartés, intimidés ou " promus " à d'autres tâches ? (cf. E. Suys écarté de la cellule " Obelix " sur Nihoul…)
Des enquêteurs ont été écartés de l'enquête sur Julie et Melissa sans raisons apparentes; Gino Russo a beau demander qu'on lui fasse connaître ces raisons énigmatiques, il ne reçoit pas de réponse.

Comment expliquer les disparitions de pièces dans les dossiers ? Les " pertes ", les " vols " ?
Dans l'enquête sur les témoins " X ", un policier " égare " une cassette saisie chez un suspect important. Dans l'enquête sur Régina Louf, un autre policier " oublie " tout le dossier sur la banquette arrière de sa voiture qu'il quitte un moment. A son retour le dossier a disparu. Le policier n'a pas été sanctionné.

Paul Marchal affirme que des pièces ont disparu du dossier de sa fille Eefje.

Pourquoi les dizaines de cassettes video saisies chez Marc Dutroux le 13 décembre 1995, visionnées par la gendarmerie à Bruxelles du 18 au 30 janvier 1996, dont un opérateur a déclaré devant la commission d'enquête parlementaire qu'elles contenaient des images de trafic de voitures et des séquences pornographiques ont-elles été rendues à l'avocat de Marc Dutroux sur décision du juge d'instruction Lorent de Charleroi ? Ce même juge Lorent qui a rendu aussi le speculum saisi chez Dutroux à l'avocat de Michele Martin, speculum qui, sur le conseil du chef d'enquête de Grâce-Hollogne l'adjudant Lesage, a été volontairement omis de la liste des objets saisis par le gendarme Michaux lors de la perquisition…
Pourquoi les 5 cassettes qui sont restées en possession des enquêteurs, transférées à Neufchâteau après la découverte des corps de Julie et Melissa, n'ont-elles été enregistrées au greffe du tribunal que le 2 janvier 1999, deux ans et demi plus tard et n'ont-elles pas été visionnées avant cette date ? Pourquoi les copies de ces cassettes faites à la gendarmerie de Bruxelles sont-elles amputées des scènes où on voit Dutroux faire des travaux dans ses caves et du viol d'une jeune fille ? Comment expliquer qu'une cassette video de type super 8 qu'un agent de police de Charleroi s'est fait remettre par l'épouse de Dutroux et qu'il a déposé à la gendarmerie a-t-elle disparu ? Le Comité supérieur de contrôle des polices n'y voit qu'une explication : " cafouillages " !

Pourquoi la parlementaire Anne-Marie Lizin qui a déclaré en septembre 1996 que des abuseurs reconnaissables figuraient sur l'autre lot de cassettes saisies en août 1996 par le juge Connerotte, fait-t-elle mine aujourd'hui, avec embarras, de renier ses affirmations ?
Que sont devenues les photos de viol de Sabine que Dutroux a montrées à Laetitia ?

Pourquoi le parquet de Bruxelles donne-t-il l'ordre de détruire un stock important de cassettes pédophiles saisies dans l'affaire du pédophile Raemaeckers, 2 jours avant l'arrestation de Dutroux ?

Pourquoi l'establishment judiciaire, politique, universitaire et médiatique, se faisant complice d'une justice qui fait tout pour étouffer la vérité, consacre-t-il autant d'énergie à traiter les témoins " X " de " folles " et à nier l'existence de réseaux de pédophilie en Belgique, alors que d'autres affaires jugées ont déjà prouvé leur existence ?
Regina Louf (XI) n'a rien d'une folle. Elle donne des dizaines de descriptions parfaitement exactes de lieux où elle a été amenée, elle reconnaît ses abuseurs parmi les photos que les enquêteurs lui montrent. Elle reconnaît d'autres victimes.
Pourquoi la presse fait-elle l'impasse totale sur le livre " Les Dossiers X, ce que la Belgique ne devait pas savoir ", qui apporte les preuves de l'existence de ces réseaux, de leurs acteurs et de leurs protecteurs.

Pourquoi les 300.000 personnes dont la démarche citoyenne a été saluée par les médias lors de la marche blanche sont-elles traitées aujourd'hui par l'ensemble d'une presse muselée, de " populace " en proie à de dangereuses " émotions " ?

QUELLES SONT LES RAMIFICATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES DU TRAFIC D'ENFANTS AUQUEL PARTICIPAIENT DUTROUX ET SES COMPLICES ET POUR QUELLES RAISONS EST-IL INTERDIT D'ENQUETER ?
QU'EST-CE QUE LA JUSTICE A PEUR DE DECOUVRIR ?


La commission d'enquête parlementaire sur les disparitions d'enfants, dirigée par Marc Verwilghen, a donné un début de réponse à ces questions angoissantes. Dans son deuxième rapport sur " les protections ", elle a révélé l'infiltration de la criminalité organisée dans les institutions belges et ses liens avec des milieux politiques et d'affaires.

Il est significatif quel la commission ait été forcée de conclure en février 1998, sous la pression de l'exécutif et des partis politiques qui ont rapidement tourné la page de la marche blanche. La commission a été empêchée de poursuivre sa tâche d'investigation sur la criminalité organisée à Liège et sur les étranges relations de l'adjudant Lesage qui n'a pas poursuivi le suspect Dutroux, avec le milieu de la prostitution et le trafic des êtres humains.
Les anciens membres de cette commission se sont même vu interdire l'accès à leurs propres archives par un vote de leur collègues députés en juillet 1998 ! ! !

Il est significatif aussi que l'inviolabilité constitutionnelle de la vie privée de la famille royale est depuis de longues années une entrave aux enquêtes sur les " ballets roses ". Certains témoignages des " X " touchent à la famille royale et à la mouvance perverse de Nihoul.
Est-ce une seconde explication des blocages frénétiques de la justice qui n'exclut d'ailleurs pas des liens avec la première ?

Comment admettre qu'aucune sanction n'ait été prise contre les membres de l'institution judiciaires, gendarmes, policiers et magistrats, responsables des fautes qui ont entraîné la mort de quatre enfants ? Ainsi en ont pourtant décidé les procureurs généraux tout puissants, derrière lesquels se réfugient les politiques !
Certains enquêteurs qui ont joué un rôle clé dans l'étouffement de l'affaire ont été au contraire promus ! A titre d'exemples :
Le patron du Bureau Central de Recherches de la gendarmerie, qui n'a communiqué le nom de Dutroux à aucun parquet, vient de recevoir le prix de la police " Politeia " et se retrouve à la tête du Comiyé P., autrement dit la police des polices !
L'inspecteur de la police judiciaire de Charleroi, G.Zicot, inculpé de complicité dans les trafics de voiture et pointé comme l'un des principaux " protecteurs " de Dutroux par la commission d'enquête parlementaire a été remis en fonction à la police judiciaire de Bruxelles …
L'adjudant Lesage, chef d'enquête de fait, qui a occulté la piste Dutroux a été suspendu de ses fonctions… une demi-journée pour " avoir égaré son carnet de gendarme "… (Carnet qui devait précisément contenir toutes les informations sur ses activités d'enquête...).
Le maréchal des Logis-Chef Michaux qui a manqué à l'obligation de rédiger des P.V. sur ses activités et ainsi caché des faits extrêmement importants à sa hiérarchie et à la magistrature, et qui a par ailleurs rédigé de faux P.V. de perquisitions est actuellement intégré à la section financière de la Brigade Spéciale de Recherches de la gendarmerie de Bruxelles où il travaille dans des dossiers sur la mafia russe …


Pourquoi Patrick Derochette, accusé de l'enlèvement de Loubna Ben Aïssa en 1992 et arrêté 6 ans après les faits grâce à l'intervention des enquêteurs de Neufchâteau, a-t-il été interné sans procès en mars 1999, par décision de la Chambre des Mises en accusation de Bruxelles ? (Où l'affaire avait été renvoyée...)
La vérité judiciaire est que Derochette a agi seul en état de démence et qu'il a tué Loubna le jour même de son enlèvement. Or c'est grâce à un témoignage d'une amie de Loubna qui l'a reconnue dans une voiture avec deux personnes, plusieurs jours après son enlèvement et a noté le N° de plaque, que le juge Gérard de Neufchâteau est remonté jusqu'aux Derochette
Toutes les pistes qui menaient à son entourage: sa famille, Nihoul, Lelièvre, Dutroux et d'autres pédophiles connus des autorités judiciaires ont ainsi été fermées.
Or la famille Derochette fréquentait les mêmes bars que Nihoul et Dutroux qui s'approvisionnaient à la station-service des Derochette. Le frère de P. Derochette lui a fourni un alibi qui s'est révélé faux.
Regina Louf a reconnu le père Derochette parmi ses violeurs.
Balayés, les indices de protections dont il aurait bénéficié, lui et sa famille, de la part de la police locale qui a sciemment négligé plusieurs autres témoignages capitaux .(Attitude justifiée par " un peu de nonchalance… et de sympathie entourant ce doux dingue perdu dans ses délires alcooliques " Le Soir 24/1/98 … " Un doux dingue " déjà interné 50 jours seulement, pour le viol, la torture et la séquestration de très jeunes garçons en 1986 ! ! !)
A noter que le parquet de Bruxelles avait estimé inutile d'ouvrir une instruction sur la disparition de la petite fille…

Comment expliquer l'accumulation de morts suspectes autour de l'affaire Dutroux ?
- Le " suicide " de l'avocat général de Liège Hubert Massa, responsable du dossier de l'assassinat d'André Cools et du dossier Julie et Melissa, enterré le lendemain de sa mort…
- Le " suicide " du commissaire Antipine de la PJ de Bruxelles membre de la cellule " Nihoul "…
Le " suicide " d'un gendarme de Grâce-Hollogne, peu de temps après la disparition de Julie et Melissa …
- L'assassinat d'un tenancier de bar, Piro, qui avait annoncé des révélations sur le dossier Julie et Melissa …
- Le " suicide " d'un ferrailleur proche de Dutroux, Tagliaferro dont il s'avèrera qu'il a été empoisonné au cyanure…
- Le " suicide " de son épouse Fabienne Jaupart qui dénonçait l'assassinat de son mari…
- L'assassinat de J.P.Taminiaux, portier de bar à Charleroi, proche du milieu des trafiquants de voiture…
- L' " accident " de voiture de Houdemont alors qu'il est en route pour faire des révélations au juge d'instruction Coméliau sur l'enlèvement d'Elisabeth Brichet....
- L' " accident " de Gina Beernaer, collaboratrice de l'a.s.b.l. Morkhoven, quelques jours après qu'elle eut annoncé l'envoi de snuff-movies (qu'on a pas retrouvés...) à Georges Gladz président du C.ID.E. à Lausanne…
- Le " suicide " de la dentiste de Nihoul…

La liste n'est pas exhaustive.


Aucune date n'est prévue pour le procès-croupion de Dutroux (aux dernières nouvelles 2002…) dont ses avocats avancent aujourd'hui, contre toute évidence, qu'il n'est plus en possession de toutes ses facultés…

L'ancien président de la commission d'enquête parlementaire, Marc Verwilghen, plébiscité aux élections législatives de juin 1999, est actuellement ministre de la Justice dans une nouvelle coalition politique dont le parti social-chrétien est exclu pour la première fois depuis la guerre.
On vient d'apprendre avec plusieurs mois de retard qu'il a enjoint les procureurs généraux de rouvrir les dossiers " X " et de nommer un expert indépendant
Attaqué chaque jour par ses alliés au gouvernement, en particulier par le parti socialiste dirigé par Elio Di Rupo, et par la hiérarchie de la magistrature, qui ne lui pardonne pas d'avoir dû rendre des comptes devant les élus de la nation … et les cameras de télévision, il suit donc la ligne de conduite qu'il s'est tracée.
Il garde la confiance des parents de victimes et des mouvements blancs. Mais il est extrêmement seul. Le parti Ecolo arrivé au pouvoir, ne fait plus des assassinats d'enfants une de ses priorités.

LA BELGIQUE EST SOUS L'ETOUFFOIR ET LES DIPARITIONS D'ENFANTS CONTINUENT

La " découverte " des réseaux pédophiles, les témoignages d'enfants abusés lors de rituels satanistes diffusés par France 3 et la publication d'un CD ROM contenant des milliers de photos d'enfants par des journaux français a fait éclater le scandale en France.
La presse suisse a suivi le mouvement et la police genevoise a permis à des parents de venir consulter ces fichiers d'enfants abusés, dont plusieurs ont été reconnus.

La justice belge possédait ces documents depuis de nombreux mois. Elle avait décidé de n'en rien faire. Par contre, le président de l'a.s.b.l. Morkhoven qui se les était procurés, est sous le coup d'une inculpation pour détention de matériel pédophilique…

Le seul espoir de faire la vérité en Belgique réside dans une action internationale.


(*) journaliste, membre des Comités blancs



(1) Michel Bourlet : procureur du roi;
(2) Jean-Marc Connerotte : juge d'instruction au moment de l'arrestation de Dutroux, relevé de ses fonctions pour avoir participé au fameux dinner dit " des spaghettis ";
(3) Jacques Langlois : juge d'instruction ayant succédé au juge Connerotte;
(4) Au nom de la loi : emission de la RTBF, Radio-Télévision publique belge francophone;
(5)Annie Bouty : ancienne compagne de Michel Nihoul;
(6) XTC : extasy.
(7) Dolo : club privé fréquenté par de nombreux suspects.