Par le service social, j'ai reçu un logement rue de la Loi à Vaassen et là, j'ai entendu les arrêtés du premier procès contre mon père, ma mère, Wouter, Adriaan, Kees Lakei et Ab Dompink. J'étais surmenée et sous médicaments. Je sursautais à chaque bruit de voiture qui passait, et plus encore quand une voiture s'arrêtait. Si je voyais des voitures avec quelqu'un à l'intérieur, je tirais les rideaux et je fermais la porte à clé. Sur le conseil de la police, j'avais fait placer une alarme pour que les voisins entendent s'il se passait quelque chose, parce que Bernard Liezer était venu quelquefois me menacer. J'ai eu beaucoup de difficultés, suite à cette déposition. Lorsque celle-ci a été rédigée, la police m'a conseillé de passer une semaine dans un centre d'accueil pour les victimes d'inceste à Arnhem. Ils trouvaient cela mieux pour moi, parce qu'un grand procès était imminent. Mais c'était terrible... je me sentais enfermée. Je voulais seulement être libre et pouvoir agir toute seule, mais ce n'était pas possible car ma journée était réglée. À telle heure je devais manger, à telle heure boire un café, à telle heure suivre la thérapie, à telle heure les enfants allaient à l'école, à telle heure je devais aller les rechercher, à telle heure participer à une discussion de groupe sur l'emploi du temps de la semaine. Je n'en pouvais plus, je devenais folle et ils n'y comprenaient rien. Je me demandais s'ils étaient réellement spécialisés dans le domaine de l'inceste. Ils ne voulaient pas comprendre que l'inceste est comparable à une sorte d'emprisonnement et qu'une nouvelle prison est la dernière chose dont on ait besoin. Ce centre est presque une prison, puisqu'on ne peut pas en sortir. On est enfermé dans un bâtiment, soi-disant pour maintenir les étrangers dehors. C'était quand même bizarre, parce que j'ai bien regardé : on pouvait y entrer, mais pas en sortir. Ils avaient peut-être accidentellement posé le verrou à l'envers... J'ai donc encaissé cela pendant cinq jours, puis j'ai craqué et je suis retournée à Vaassen. L'enquêteur Arhend est encore revenu rue de la Loi. Koosje Doever dormait chez moi avec sa petite fille; elle avait des problèmes de couple et venait de quitter la maison. Cela m'étonnait de voir Arhend chez moi, mais d'un autre côté il y avait tellement de policiers qui venaient à ce moment-là que je l'ai laissé entrer. Il voulait me parler de ce que Cor De Vos et Leo Wolff m'avaient fait, mais dès que nous nous sommes retrouvés à l'intérieur, il s'est révélé qu'il attendait tout autre chose de moi. Je n'osais pas me défendre à ce moment-là, j'étais plus faible qu'aujourd'hui. Heureusement, Koosje est entrée un peu plus tard, elle avait sa propre clé. Du couloir, elle l'a vu couché sur moi dans la chambre, elle en a été épouvantée. Lui, non, bien entendu. Il a dit : " Oh ! Hello Koosje ! " et il a continué calmement. Heureusement, il n'y a pas eu d'autre fois. Je ne l'ai raconté à personne. La police avait déjà assez de difficultés avec mon histoire, mais aujourd'hui Koosje l'a confirmé par écrit. Juste avant Noël 1990, j'en ai eu assez et j'ai fait une tentative de suicide. J'ai avalé beaucoup trop de médicaments. Je me souviens que l'idée m'avait trotté dans la tête ce jour-là, mais je ne me souviens plus du tout du moment en tant que tel. La police a cassé le carreau pour entrer. je me souviens encore de quatre hommes autour de mon lit, puis de moi à l'arrière d'une voiture et d'un médecin demandant à un policier : "Peut-on encore la sauver? " L'instant d'après, j'étais dans une chambre close du service psychiatrique de l'hôpital, où je suis restée un jour. Grâce à cette tentative de suicide, je me suis liée d'amitié avec Joop Van Lennep. C'est le premier policier qui m'ait crue sans réserve et c'est pourquoi je lui serai toujours reconnaissante. Pour le reste, j'ai toujours ressenti de l'incrédulité. Pour m'empêcher de vider une nouvelle fois le contenu d'un tube, l'assistance sociale a formé une équipe qui m'apportait trois fois par jour mes calmants et mes somnifères. Mais comme mon assistant social était en vacances, la police a été appelée au secours. J'avais un bon contact avec Irène Wever. Elle faisait aussi partie de la première équipe d'investigations. Elle m'a appelée et m'a dit: "Je dois t'apporter tes médicaments le jour de Noël, mais je patrouillerai avec Joop Van Lennep. Trouves-tu cela bien si je viens avec ce collègue ? Si tu ne lui fais pas confiance, il partira." Elle était très prudente, parce que j'avais toujours dit: "Je ne veux pas avoir affaire à Wolff, Arhend, De Vos et De Raad." Joop est entré et il a tout de suite adoré mon chien. J'avais un berger allemand, un bon gros chien. Joop faisait le fou avec les enfants et il était habituellement très gentil. Si j'étais restée à Vaassen, je lui aurais raconté toute l'histoire. Quand je l'ai vu plus souvent et que je lui ai raconté l'une ou l'autre chose, il m'a conseillé de tout déballer. Il a dit: "Tu vas vivre des années difficiles, mais tu dois tout raconter. Pas seulement pour arrêter les coupables, mais surtout pour ta propre santé morale. Ce que tu ne raconteras pas te poursuivra jusqu'à la fin de tes jours comme une meute de loups affamés." Cela m'a fait réfléchir: il avait raison. C'est une des raisons pour lesquelles six mois plus tard j'ai commencé à tout raconter à la police. je me sens mieux quand, ayant parlé, j'ai le sentiment d'être prise au sérieux. J'avais déjà, en 1990, raconté au procureur de la reine les meurtres de bébés, et elle a pu lire mon journal. je l'avais raconté à un enquêteur, à mon assistant social, à l'aide familiale, à l'Institut régional pour l'assistance ambulatoire, mais tout le monde s'en fichaiet. "Laisse donc cela. " Quand je suis venue habiter ici, Bumper m'a demandé - il est maintenant mon meilleur ami dans la police: "Pourquoi n'a-t-on rien fait? " J'ai dit: "Peut-être qu'à ce moment-là, moi je n'étais pas en mesure de faire quoi que ce soit." La police était vraisemblablement tout aussi impuissante, sinon le procureur serait intervenu sur sa demande. Elle trouvait préférable de laisser cet aspect de l'affaire de côté jusqu'à ce que je sois plus stable, et à ce moment-là, j'étais d'accord. Mais je me demandais si la justice serait vraiment revenue sur sa décision si je n'avais pas tout raconté à Bumper. Il s'est rendu à Epe six mois plus tard - en décembre 1992 - avec ma déposition, donc la justice n'a pas bougé pendant deux ans. Grâce à Joop Van Lennep, j'ai retrouvé le rire. À Vaassen, il faisait tout pour moi. Il s'occupait du chien quand je n'étais pas là, il beurrait les tartines des enfants, il faisait les courses. Un jour, il a alerté tout le monde parce qu'il croyait que j'avais avalé trop de médicaments. Il a fait grimper quelqu'un sur le balcon pourvoir ce qui se passait. je dormais si bien avec Max près de moi. Mais il m'a réveillée, il avait vu des faisceaux de lampes de poche. Joop était un ange. Il est le premier à m'avoir donné le sentiment que j'étais quelqu'un qui avait aussi de l'importance aux yeux d'autres personnes. Il disait qu'il trouvait fantastique la façon dont je me comportais avec mes enfants, que j'avais tant de compréhension pour ma soeur et pour ceux qui m'entouraient, que j'accueillais Koosje quand elle avait des difficultés... je ne m'y suis pas arrêtée parce que je trouvais que tout cela allait de soi, mais pour lui c'était extraordinaire. Il m'a donné ce sentiment : je suis une personne ; c'est très important que j'existe. Et il m'a appris à rire en me racontant des blagues grivoises, en me parlant de sa vie et de son travail de policier... Il était vraiment très drôle. Une des premières fois où j'ai à nouveau ri, c'est quand Sinda, le chien, a sauté sur lui; il agissait toujours ainsi quand Joop venait. Il a dit: "J'attends le jour où tu seras rétablie et où tu oseras venir spontanément me sauter au cou." J'ai beaucoup ri. J'imaginais déjà la situation. L'éqùipe d'enquêteurs a toujours tenu compte de mon avis. Les enquêteurs se préoccupaient de ce qu'ils pouvaient dire et ne pas dire. Chaque terme devait être exact : "pénétrer", "rapport sexuel", "vagin ", "excréments". J'utilise encore ces termes maintenant, comme vous l'avez remarqué. Mais Joop a dit: "Si c'est un con, c'est un con; si c'est une bite, c'est une bite ; s'il s'agit de baiser, il faut dire baiser. " je restais là à le regarder... J'ai dit: "Je sais que cela s'appelle comme cela, mais... " "Alors, tu le dis ? Tu ne vas quand même pas corriger leur vocabulaire ?" J'ai répondu: "Cela ne peut quand même pas figurer dans un procès-verbal destiné à un juge ? " Il a dit: "Un juge est aussi quelqu'un qui baise, d'accord ? " Je pensais : idiote, il a raison, et j'étais à nouveau morte de rire. Des-blagues grivoises ont suivi. Joop a eu un grave accident en mai 1993. Il est tombé dans le coma, et il est depuis six mois en rééducation. Dernièrement, j'étais allée le voir au centre de rééducation., je lui ai dit: "Te souviens-tu de ce que tu m'as dit? Que je devais te sauter au cou ? je suis prête à le faire, et te voilà couché comme un idiot. " Il me soutient toujours, malgré ses propres malheurs. Sa femme Cobi est aussi un amour. En l'absence de Joop, je lui parlais pendant des heures au téléphone. Pendant le dernier procès, Joop m'a une nouvelle fois empêchée de me suicider. Par un pur hasard je me trouvais au bureau central. Un médecin a appelé et m'a raconté qu'il avait eu en ligne une femme qui avait avalé trop de médicaments. Il ne savait pas qui elle était parce qu'elle n'avait pas voulu donner son nom. J'ai eu des soupçons, j'ai donc appelé Yolanda et elle a confirmé. Elle a dit: "Je veux seulement te voir, si quelqu'un d'autre vient, je saute du balcon." Je suis venu avec un collègue. Elle ressemblait à un oiseau mort: toute sa volonté et son énergie avaient disparu. Elle a dit: " J'en ai encore" et elle a montré une boîte de pilules. Je pense que la confrontation est la seule possibilité, j'ai donc dit: " Non, je ne prends pas la boîte. Je ne prends pas de décision à ta place, à toi de décider Je rentre à la maison." Je ne pensais pas le faire vraiment. Dès que j'ai atteint la porte, elle a crié : "Couillon", et je me suis pris la boîte dans la figure. Elle était donc quand même fâchée! Mais c'était bon signe, parce qu'alors on a pu parler Elle n'en avait pas avalé assez pour être emmenée à l'hôpital. " Elle ira beaucoup mieux après une bonne nuit de sommeil", a dit le médecin. (Joop Van Lennep, policier d'Epe) C'était une période difficile, mais il y a quand même eu un point positif. La fiancée de mon frère a évité juste à temps le mariage. Ils avaient ce projet depuis un an. Par la suite, il est apparu que, dans cette petite maison du Domaine, il lui faisait la même chose qu'à moi : l'attacher, la battre, la baiser à son gré, etc. J'avais un plan pour faire échouer ce mariage. juste avant son "Oui", je voulais dire: "Non, ce n'est pas possible, parce que dans notre maison il se passe telle et telle chose." Il y aurait eu une quantité de témoins, et pour moi cela aurait été l'occasion de sortir de l'ombre. Je n'aurais jamais laissé ce mariage se conclure même si j'avais dû poignarder mon frère sur-le-champ. je savais qu'elle ne tiendrait pas. je voyais toute la comédie qu'il avait jouée avec moi depuis des années et qu'il reproduirait avec elle. C'était une femme qui pleurait pour un rien... Comment pourrait-elle le supporter ? Elle courait à sa perte. Je ne savais pas encore qu'elle avait déjà tout enduré. Elle était toujours très calme lorsqu'elle venait nous rendre visite. Elle pouvait réagir bizarrement, par exemple, elle était très effrayée quand elle entendait un grand bruit ou quand, parderrière, on mettait la main sur son épaule. Après j'ai pensé que c'était idiot, j'aurais dû m'en apercevoir. Mais je pensais qu'Adriaan n'oserait jamais le faire avec quelqu'un d'extérieur. Mon frère était de surcroît terrorisé par son oncle, videur dans une discothèque, un caïd. Adriaan le respectait beaucoup. Je pensais donc qu'il n'oserait pas la toucher sous peine de représailles. Si Adriaan lui avait déplu, il l'aurait écrasé comme une crêpe. Et il l'a fait. Cet oncle est très gentil, une grande gueule au coeur d'or. Mais je n'ai pas dû intervenir. À ce moment-là, j'étais déjà partie, et comme ma fuite a tout révélé au grand jour et que la justice s'est emparée de l'affaire, elle a pu se détacher d'Adriaan. Le premier procès, le 16 janvier 1991, fut bouleversant. je voulais à tout prix y assister parce que je voulais les entendre dire : "Je l'ai fait." J'espérais aussi que pendant le procès ils en raconteraient davantage encore. Ils commençaient à lâcher le morceau petit à petit. Peut-être en viendraient-ils à parler des bébés, mais non. Je perdais peut-être complètement la tête, mais ma mère sanglotait et tremblait très fort; j'étais même tentée de venir m'asseoir près d'elle et de passer mon bras autour de ses épaules. Non pour la consoler, mais pour la faire changer d'avis et pour qu'elle lâche le morceau. C'était vraiment épouvantable de voir mes parents et Wouter dans cette situation. Mais c'était aussi un triomphe, parce que j'avais du moins obtenu de les traduire en justice. J'avais le sentiment que les rôles étaient inversé§. Ils étaient dans l'embarras et moi je les regardais. Ma mère ne me regardait pas. Mon père a jeté un regard dans la salle comme s'il me cherchait et Wouter me regardait en ayant l'air de penser: "Pourquoi me fais-tu subir cela ?" je lui ai renvoyé son regard glacial. Mais quand j'ai entendu la sentence pour mon père - sept ans - je suis devenue folle. je pensais: nom de Dieu, qu'ai-je encore fait? J'ai toujours pensé que ma mère était la pire, pas mon père. Mon père en a pris pour sept ans, ma mère pour trois ans et demi, Wouter et Adriaan pour trois ans, Lakei pour trente mois et Ab Dompink pour un an et demi. J'éprouvais seulement des remords envers mon père. Pour les autres, je ne trouvais pas cela grave, mais envers lui j'avais un sentiment de culpabilité, quoi qu'il ait fait. J'ai trouvé très grave que la justice ne m'écoute pas une nouvelle fois. S'ils l'avaient fait, s'ils avaient bien lu mon journal et les procès-verbaux, ils auraient compris que c'est ma mère qui dirigeait tout, que tout ce qui arrivait résultait la plupart du temps d'une idée à elle, qu'elle était le moteur et qu'elle méritait donc la plus lourde peine. Ils ont estimé qu'une femme était incapable d'imaginer des atrocités pareilles, que seul un homme pouvait en être l'auteur. Après le procès, j'ai fait une grave dépression. je regrettais tellement d'avoir causé cela à mon père; je me sentais vraiment coupable : c'est ma faute s'il est privé de ses petits-enfants, c'est ma faute s'il a perdu ses propres enfants, c'est ma faute s'il a perdu toute sa famille. Tout ce qu'ils avaient toujours dit était vrai je ne valais rien. J'étais un tas de merde. " Le père a encore des côtés gentils auxquels elle s'est raccrochée. Cette sorte de loyauté est en tout cas grande chez les enfants. Un de leurs côtés les plus vulnérables est celui-ci: se reprocher ce qui ne va pas dans leur environment. Si des parents divorcent, l'enfant se culpabilise. Dans le cas d'abus ou de négligence, c'est la même chose. Je connais quelqu'un dont la mère est particulièrement sadique. À travers tous les témoignages, je n'ai jamais entendu dire quelque chose de gentil sur cette femme. Quand elle avait trois ans, sa mère était horriblement mauvaise. L'enfant a donc dû inventer une partie de sa personnalité, qu'elle n'a parée que de bonnes intentions. Elle pensait donc que sa- mère lui faisait subir toutes ces humiliations pour son bien. Si elle n'avait pas trouvé cette partie de sa personnalité., elle n'aurait pas survécu. Ici nous sommes en présence d'un cas de loyauté extrêmement pointu. S'il s'agit d'un sadisme venant d'une personne extérieure à la famille, l'explication est tout autre. Mais ici il est question d'une dépendance totale. On a besoin d'amour et si on ne le reçoit pas, on s'imagine à la limite que le père a aussi un bon côté. Et s'il a vraiment un bon côté, on s'y accroche de toutes ses forces." (prof. Van der Hart) À cause de la publicité autour de toute cette affaire, j'ai reçu du courrier de gens qui me donnaient le courage de continuer. Bien plus tard, j'ai même reçu une lettre d'une vieille femme de La Haye qui avait subi la même chose dans sa jeunesse. Elle écrivait: Je suis exactement comme toi victime d'inceste et un de mes enfants a aussi été tué. J'aurais voulu avoir le courage de faire ce que tu as fait. Ma vie aurait été différente. Si le meurtre n'avait pas eu lieu il y a si longtemps, grâce à toi, j'aurais fait maintenant une déposition. Je me rends compte que beaucoup de femmes sont comme moi: elles n'osent pas faire de déclaration de peur de ne pas être crues. C'est un sentiment que je connais très bien. C'est une de mes plus grandes angoisses, qui me poursuit encore aujourd'hui. Cette lettre me donne l'espoir que d'autres filles et d'autres femmes qui n'osent pas sortir de leur mutisme oseront le faire grâce à ma déposition et à mon livre. Beaucoup de victimes d'inceste ne se dévoilent pas par pudeur. C'est aussi mon cas, mais je peux la mettre de côté. Si j'ai appris quelque chose, c'est précisément à refouler. Au début, j'avais honte de montrer mon corps. J'avais honte parce qu'ils pouvaient tout en faire et que je ne pouvais rien tenter. J'avais surtout honte de ne pas m'être défendue, de n'avoir pas résisté. Quatre mois après le premier procès, Kees Lakei a été acquitté en appel, faute de preuves. Il a aussi été dédommagé pour emprisonnement abusif. Je me suis rendue au tribunal dArnhem avec Robert; je suis sortie furieuse de la salle d'audience. J'étais sûre qu'il serait condamné; je savais quand même ce qu'il avait fait. La première chose que la police a dite après l'acquittement est: "Disparaissez, quittez la région." C'est la raison pour laquelle j'ai déménagé dans une région entre Rotterdam, La Haye et Utrecht. La police et l'assistant social d'Epe étaient convaincus que la mise en liberté de Lakei me mettait en danger de mort et ils ont agi de concert. En un minimum de temps, j'étais -installée à une nouvelle adresse. Lakei était furieux. Il a été libéré, et c'est à ce moment-là que la voiture de l'assistant social de ma soeur a été démolie. Mon assistant social a reçu des lettres de menaces et des coups de téléphone anonymes. Ma fuite d'Elburg, en passant par nombre d'adresses différentes à l'endroit où je suis maintenant, a duré neuf mois, le temps d'une grossesse. C'est peutêtre un sujet déplacé, mais depuis que je me suis enfuie, je n'ai plus eu mes règles, et depuis que je suis ici, elles sont revenues. Depuis la deuxième arrestation de mes parents, après ma déclaration de 1992, jusqu'à maintenant, j'ai eu mes règles sans interruption. |