La première fois que j'ai baisé avec mon père, j'avais environ huit ans. J'étais complètement sous le choc. Mon père, une fois rhabillé, m'a prise par les épaules et a essayé de me calmer: "Chaque famille a son secret, et maintenant nous aussi, nous en avons un. Personne ne doit en savoir quelque chose, c'est entre nous cinq. C'est Notre Secret. " Comme une idiote, je l'ai cru, car cela avait aussi quelque chose d'excitant. Il était très rusé, car s'il m'avait interdit d'en parler à qui que ce soit, j'aurais fait exactement le contraire. Il s'agissait en fait d'un secret comme ceux qu'on a avec une amie. Du fait qu'il le présentait ainsi et qu'il y était toujours fait allusion comme à Notre Secret, le sexe en famille est devenu petit à petit une partie intégrante de mon quotidien ; très vite pour moi, c'est devenu quelque chose de normal. Parce que c'était Notre Secret, cela me faisait également de moins en moins peur. C'était quelque chose que nous partagions; cela nous appartenait. je partageais ce secret avec les autres membres de la famille, je faisais donc partie de cette famille. je n'avais sinon rien d'autre à partager. Je ne lisais rien et ne regardais presque jamais la télé ; je n'avais tout simplement pas le temps. Lorsque j'ai baisé pour la première fois avec mon père, ce n'était pas nouveau pour moi, parce que je l'avais déjà fait avec Adriaan. Il avait environ onze ans. je venais d'avoir mes premières règles. J'étais plutôt précoce. Personne ne m'en avait jamais parlé, j'ai donc pensé que j'étais malade. Ma mère s'est bornée à me dire : "Ne fais pas cette tête, il faut tout simplement que tu portes des bandes hygiéniques" C'est ce que j'ai fait mais je ne savais pas ce qui m'arrivait. Un soir, Adriaan est venu dans ma chambre avec un livre porno appartenant à mes parents - la maison en était pleine. Ma soeur et moi dormions dans la même chambre, mais je devais me coucher une heure plus tôt qu'elle. C'était une chambre banale, ennuyeuse, avec un lit double, une armoire et une chaise; rien de personnel. Adriaan m'a montré une photo où une femme faisait une pipe à un garçon, c'est ce qu'il voulait essayer avec moi. je trouvais cela plutôt bizarre. Je lui ai demandé si tout allait bien chez lui. Il m'a répondu que c'était très chouette. Je me suis rendu compte par la suite qu'il le faisait déjà depuis longtemps avec ma mère car en me montrant la photo, il savait déjà très bien que c'était très agréable et excitant. J'ai refusé, mais il a insisté et a fini par me menacer: "Si tu ne le fais pas, je ne ferai plus jamais rien avec toi et tu n'auras plus personne. " je l'ai donc fait. Cette première fois, je m'en souviens encore bien. Il a éjaculé dans ma bouche. Il voulait que j'avale mais je trouvais cela si dégoûtant que j'ai couru en trébuchant jusqu'au lavabo, écoeurée. Après cela, j'ai pleuré sur mon lit. Ils se sont moqués de moi et j'ai entendu quelqu'un dire: "Voilà ce qui arrive quand on se trompe de route." J'ai cependant dû recommencer avec d'autres, avec ma soeur par exemple. À partir de cette première fois, Adriaan est venu chaque soir pour la même chose, et j'ai fait ce qu'il voulait car j'avais peur de le perdre. À cause de tout ce qui s'est passé par la suite, je ne me souviens que de quelques épisodes relatifs à ces débuts, mais une chose est certaine : ces événements ont provoqué un bouleversement. J'ai commencé à avoir peur d'Adriaan alors que jamais encore je n'avais eu peur de lui. je l'évitais. Lui aussi changeait: il se comportait de manière exagérément gentille envers moi. À un certain moment, il a voulu davantage. Je pensais que si je m'éloignais de lui, tout rentrerait dans l'ordre. Mais il m'a montré une autre photo et sur cette photo, les gens baisaient. C'est ce qu'il voulait faire aussi. je lui ai dit que je n'osais pas. Il m'a répondu de ne pas faire tant de chichis et que bien sûr j'oserais. Selon lui, c'était très agréable, je devais donc moi aussi trouver cela très agréable. Il m'a suggéré d'au moins essayer et si après cela, je persistais à dire que ce n'était pas agréable, il n'insisterait plus. je me suis donc déshabillée et couchée sur le lit. C'était la première et la dernière fois que je l'ai fait de mon plein gré. Cela m'a fait horriblement mal, même si, pour lui, c'était impossible car contraire à ce que disaient les livres ; d'après les livres, on devait trouver cela agréable, mes plaintes n'étaient donc que des pleurnicheries de gamine. J'ai essayé de lui faire comprendre que cela faisait vraiment mal, mais en vain. Après s'être satisfait, il a quitté la chambre. À partir de ce moment, il n'était plus mon frère. Il était devenu quelqu'un d'autre. Je lui ai encore demandé s'il voulait qu'on arrête. Il n'en croyait pas ses oreilles. Il fallait d'abord que je prouve que je trouvais cela agréable et seulement ensuite, il arrêterait. C'était une étrange logique, toujours est-il qu'il n'a jamais cessé. Lorsque je pleurais, il me disait de fermer ma gueule sinon les autres ne pouvaient pas dormir. J'évitais tout le monde. Dès que je le pouvais, je me réfugiais dans ma chambre, je m'asseyais sur une chaise et dans ces moments-là j'étais comme absente. Les premières années, je ne pouvais pas ne pas y penser - plus tard j'y suis parvenue - parce qu'il venait chaque soir et, durant toute la journée, cette pensée m'obnubilait. Il n'était pas question que je me confie à mes parents. J'ai en fait essayé mais ils ne m'ont pas donné l'opportunité de parler. Si je leur disais qu'Adriaan faisait des choses bizarres, ils me renvoyaient en me disant que moi aussi je faisais parfois des choses bizarres. Cela me décourageait de revenir à la charge. Ma mère m'a dit plus tard qu'elle savait très bien ce qui se passait. Elle avait elle-même depuis longtemps "une relation" avec Adriaan. Ce que du moins on appelle une relation. Depuis lors, je l'ai haï, j'ai imaginé toutes sortes de plans pour lui échapper. Devant la maison, il y avait un champ de seigle. Comme une idiote, j'imaginais que je m'enfuirais et que j'irais me cacher au milieu du champ jusqu'à ce que j'aie dix-huit ans. Peu après je n'ai plus pensé à m'échapper, si ce n'est lorsque je passais la nuit chez oncle Jaap et tante Corrie à Emst. je m'y rendais à bicyclette tous les week-ends et je faisais tout pour rester une nuit supplémentaire ; c'était toujours une nuit en moins à la maison. Tante Corrie et oncle jaap étaient ma tante et mon oncle préférés. Ils avaient un fils, Mark, qui avait environ cinq ans de plus que moi, je le considérais comme un grand frère. Il préparait de bons petits plats qu'ensuite on dégustait ensemble et ses parents trouvaient cela bien. Là, la vie était belle. Lorsqu'on allait dans sa chambre, c'était pour y lire ensemble des bandes dessinées; on jouait aussi aux voitures, on écoutait de la musique ou on regardait la télé. C'était tout ! Au début je me méfiais de lui comme de la peste. Je restais sur le seuil de sa chambre malgré son invitation à entrer. Tante Corrie était un amour. Elle m'a appris à lire l'heure et à nouer mes lacets, ce que je ne savais pas encore faire à dix ans. je n'osais pas lui raconter ce qui se passait à la maison, car j'avais peur qu'ensuite je ne puisse plus venir chez elle. Comme Adriaan avait cessé d'être un frère pour moi, il ne me restait plus personne, excepté Tarzan. C'était un adorable chien. Je l'avais appelé Tarzan car j'imaginais que rien n'était impossible pour lui. je tenais énormément à lui. C'était un animal doux, au poil sombre, aux yeux noirs. je passais des heures dans ma chambre à parler avec Tarzan. Je lui racontais qu'il était mon unique compagnon. Il était tout pour moi. Lorsque je rentrais à la maison, il sautait sur moi, il était tout fou, mais il avait peur de mes parents. Devant mon père, il s'en allait la tête basse en glapissant. Celui-ci lui envoyait des coups de pied, voire même son sabot. Un jour, il a fallu l'emmener chez le vétérinaire. Ils ont dit qu'il était malade alors que je suis sûre que tout allait bien. Mon frère a pu les accompagner. je sentais bien que quelque chose n'était pas normal, mais ils ne voulaient rien me dire. Je me vois encore les regarder partir. Aussitôt disparus à l'angle de la rue, ma mère m'a dit que Tarzan ne reviendrait plus. Je ne voulais rien entendre, elle m'a simplement dit: "Tu verras bien." Ils sont revenus et ont dit qu'il était mort. Ils l'avaient fait abattre. je ne sais toujours pas pourquoi. J'ai pleuré des nuits entières. je ne voulais plus rien faire, ne plus aller nulle part et pendant très longtemps, je ne leur ai pas adressé la parole. Mes parents se moquaient de moi: "Pourquoi t'en fais-tu tellement pour cette bête ?" À cette époque, j'ai commencé à rester éveillée la nuit. je n'allais tout simplement pas dormir. Ainsi., je ne devais pas non plus me réveiller et recommencer une journée pourrie. Des années plus tard, nous avons à nouveau eu un petit chien, mais je craignais dorénavant de m'attacher à lui. je ne voulais ni le toucher ni lui donner à manger; ils le feraient bien eux-mêmes. A quoi bon en effet s ' en occuper puisqu'il me serait à nouveau arraché. Je ne sais même plus comment il S'appelait. Ce petit chien aussi a vite disparu, peut-être à la fourrière ou simplement abattu. je n'en sais rien. Ce n'est qu'à Elburg que j'ai à nouveau eu des chiens à moi. Mon père s'y est mis lui aussi, à l'époque où j'étais déjà habituée à ce qu'Adriaan, chaque soir, se glisse dans mon lit. Il est apparu un jour dans l'entrebâillement de la porte alors qu'Adriaan était sur le point d'éjaculer. Je me souviens que j'étais contente car je M'attendais à ce qu'il chasse Adriaan et qu'il lui donne une bonne raclée. je m'en souviens bien. Je'voulais bien qu'il me chasse de la maison ou qu'il fasse quelque chose à Adriaan... à condition qu'il arrête cela. Au lieu de cela, il restait sur le pas de la porte et regardait. Lorsque mon frère a dit: "J'ai fini", il a répondu: "Très bien, maintenant à moi. " J'ai d'abord pensé qu'il plaisantait. je lui ai dit qu'il devait faire quelque chose car Adriaan continuait même si je lui disais d'arrêter. Il m'a répondu: "Mais Adriaan ne fait rien. " Il s'est alors déshabillé entièrement et l'a fait avec moi. Adriaan est resté pour regarder. Mon père a dû remarquer que je ne voulais pas parce que j'ai commencé à pleurer quand j'ai vu qu'il était sérieux. C'était complètement étrange: à la fois horrible et tellement normal de par l'habitude. Je me suis sentie trahie pour la deuxième fois. Tout le monde me dégoûtait et je ne faisais plus confiance à personne, ni à la maison ni à l'extérieur. je n'osais plus dire à personne ce que je ressentais. J'en étais incapable, je n'osais pas, mais surtout je ne le voulais plus. je ne voulais plus recevoir une gifle en pleine figure en perdant une nouvelle fois une personne qui m'était chère. J'avais perdu mon frère, Tarzan n'était plus là et en quelque sorte j'avais aussi perdu mon père. Mon père s'est donc joint à nous. Il est ensuite venu avec Adriaan chaque jour dans ma chambre. Au début, ils devaient toujours me forcer. Je me débattais ou me pelotonnais dans un coin de la chambre. Ils devaient me traîner sur le lit et l'un me tenait pendant que l'autre s'exécutait. Si je me débattais encore, ils m'attachaient. J'ai fini par me laisser faire avec résignation mais je me repliais complètement sur moi-même. J'essayais de penser à des choses radicalement différentes en attendant que cela soit fini. je ne me rappelle pas une seule fois n'avoir pas souffert, j'étais en effet toujours sèche. Ils n'ont sûrement rien remarqué parce que je serrais les dents par habitude. Quelques semaines plus tard, ma mère aussi s'y est mise. Mon père lui avait raconté ce qu'ils faisaient, et à partir de ce moment-là, elle a été de la partie. Dans les premiers temps, cela se passait aux alentours de l'heure où je devais aller me coucher. Le jour, la vie reprenait son cours normal; du moins si devoir rejoindre sa mère dans son lit plusieurs fois par semaine peut être qualifié de normal. Ma mère inventait toutes sortes de punitions. Bien après j'ai compris qu'elle était sadique, mais à cette époque je pensais vraiment que je méritais ces punitions. Elle m'a par exemple mise les fesses nues sur le poêle. je ne me rappelle plus ce que j'avais fait de mal. C'était à Vaassen, nous avions un poêle à gaz. Dans nos autres maisons, cela n'a plus été possible car nous avions le chauffage central. Une autre fois, Adriaan m'a blessée en dessous du genou avec un éclat de verre. La blessure est restée une plaie ouverte, que ma mère frottait avec du sel et qu'elle couvrait ensuite d'un pansement. Elle m'a aussi arraché plusieurs fois les ongles de pied. J'ai à mon gros orteil la cicatrice d'une opération que j'ai dû subir parce que la blessure de mon ongle ne guérissait pas. Lorsqu'elle voulait me faire souffrir, elle enlevait le pansement et plongeait mon orteil dans de la soude bouillante. Si je n'avais pas moi-même commencé, mon mari et Adriaan n'auraient pas non plus commencé. ( .. ) Yolanda n'avait jamais la paix car cela se produisait plusieurs fois par semaine. (...) Il m'est arrivé d'asseoir Yolanda les fesses nues sur le poêle. Cela lui a donné de grosses cloques sur les fesses. Je l'ai fait avec l'intention délibérée de la faire souffrir je la menaçais aussi de la remettre sur le poêle si elle ne se montrait pas plus coopérative. (..) je me rappelle aussi que mon mari avait coupé les ongles de pied de Yolanda. Le gros orteil commençait à s'infecter. J'utilisais cette blessure au gros orteil pour contraindre Yolanda à avoir des relations sexuelles avec moi. Je mettais son pied dans de la soude bouillante de manière à ce que cela lui fasse mal. (Dinie, mère de Yolanda, procès-verbal du 23/10/90) Les petits jeux sexuels sont devenus une horreur à partir du moment où ma mère a commencé à y participer, car avec elle, ils duraient des heures. Elle n'y participait pas pendant ses crises d'asthme. D'une certaine manière, je n'attendais que cela car il ne restait plus alors que mon père et Adriaan: ceux-ci faisaient leur petit numéro, éjaculaient et filaient ; cela ne durait qu'un petit quart d'heure. Quand ma mère est allée à l'hôpital pour ses poumons, j'ai trouvé cela merveilleux; c'était les vacances. L'expression "petits jeux sexuels" date de cette époque. Mes parents parlaient toujours de "petits jeux ". Plus tard, il a aussi été question de "fêtes sadomaso ", quand d'autres personnes participaient et que celles-ci aimaient qu'on leur fasse mal. Ce genre de personnes, je n'en ai pas vu beaucoup. Il y avait à la rigueur quelqu'un qui aimait recevoir de petites tapes, mais il pouvait dire d'arrêter alors que moi je ne pouvais pas. Plus je criais d'arrêter, plus cela les amusait de continuer. Les jeux S.M. n'étaient donc en réalité que des jeux S., mais comme cette expression risque d'être mal comprise, je m'en tiendrai à des jeux S.M. Ma mère rappliquait avec toutes sortes de nouveautés et c'est elle qui a immédiatement pris le rôle de meneuse. Elle a par exemple lancé l'idée qu'Adriaan et mon père aient également des rapports anaux avec moi. Elle aimait par-dessus tout regarder, soit debout, soit couchée. Elle leur apportait des accessoires comme une bougie, un tournevis, une cuillère, et un vibromasseur qu'ils m'introduisaient dans le vagin selon ses indications; elle le faisait parfois aussi elle-même. Des petits jeux... Quand j'étais petite et que ma mère n'avait pas encore imaginé percevoir de l'argent, j'étais la plupart du temps ligotée et ils me frappaient jusqu'au sang, parfois ils me bandaient les yeux et me baisaient. Nous avions des poules et un coq. Cela amusait mon frère de répandre sur moi des graines et de faire picorer le coq sur moi. D'abord sur tout le corps, mais finalement il trouvait plus amusant de mettre le grain dans mon entrejambe et de faire picorer la bête là. Déjà avant que ne viennent s'ajouter des clients donc avant que j'aie douze ans -, il y avait une petite fête S.M. au Poelweg en moyenne une fois par semaine. Tante Afra, la soeur de ma mère qui est folle et vit dans un institut, participait à ces fêtes lorsqu'elle passait un week-end chez nous. Un ami de mon père allait la chercher et la reconduire. Dans la voiture, ils se payaient sa tête et elle ne se rendait compte de rien. Cela faisait pitié. Quand elle venait, mon père rapportait toujours des plats chinois. Elle mangeait les sachets de pâte de piment comme si c'était du jambon. Il était impossible d'avoir une conversation avec elle. Elle revenait toujours avec la même ritournelle à propos d'un type de l'institut qui se déculottait sans cesse. Tante Afra participait donc comme tout le monde, en poussant des petits cris de plaisir; elle devenait même parfois complètement hystérique. Elle est la seule cependant à qui je n'en veux pas du tout; elle obéissait aux ordres de ma mère ou se contentait de regarder comme un zombie. Il n'y a eu des étrangers qu'après l'expérience échangiste entre Harrie et Sjaan Van der Grunten et mes parents. Harrie Van der Grunten était architecte et devait avoir cinquante ans bien sonnés. Sa femme et lui étaient en tout cas plus vieux que mon père et ma mère. Il devait être riche car il habitait une superbe maison à proximité du Domaine. Mon père entretenait son jardin. Sa femme, Sjaan, faisait des choses avec les animaux. Nous sommes un jour venus lui rendre visite et nous l'avons surprise assise sur la terrasse, un dalmatien entre les jambes qui la léchait. Je me demande de quoi elle s'était enduite pour parvenir à obtenir cela du chien. Elle l'avait peut-être dressé à cela chiot, de la même manière que l'on peut aussi dresser un chien à aller chercher le journal. Son mari était très ami de la famille Perk, les propriétaires du Domaine. Si des travaux d'aménagement étaient envisagés, Van der Grunten avait son mot à dire. Mes parents allaient souvent rendre visite aux Van der Grunten, très probablement pour se soûler la gueule. je ne sais pas si mon père le savait mais Van der Grunten et ma mère entretenaient une relation depuis bien longtemps avant ma naissance. J'ai appris cela par la suite. je pense même que je suis la fille de Van der Grunten: je ne ressemble pour ainsi dire à personne de la famille alors que je ressemble à l'une de ses filles. Ma mère était folle de lui; elle s'est sans doute vengée sur moi durant toute ma vie de ne pas l'avoir eu. je ne m'attarde pas plus que cela sur cette histoire, car je préfère de loin être la fille de l'homme qui est maintenant derrière les barreaux que de ce sale gros tas. Celui-ci s'amusait lors des petits jeux à se promener dans les sous-vêtements de ma mère, à porter un grand soutien-gorge rose plein d'ouate. Heureusement, Van der Grunten est mort. Il est décédé après une petite fête S.M. à la maison, j'avais environ quatorze ans. Je raconterai cela plus tard. Sjaan a déménagé, elle doit avoir maintenant environ soixante-dix ans. Elle a participé depuis le début aux petits jeux sexuels, mais face à la police, elle a fait semblant de tout ignorer. La police l'a confrontée à ce que j'ai raconté à propos de son mari. Une femme un tant soit peu normale n'aurait pas toléré que de telles choses soient proférées sur son mari - d'autant plus s'il est décédé - mais elle restait impassible. Elle n'en savait rien, soi-disant. Il semblerait que pendant la guerre, elle se soit prostituée pour les Allemands ; cela ne m'étonnerait pas. Mes parents ont fait la connaissance du docteur Pligter chez Harrie et Sjaan Van der Grunten. Oscar Pligter a été toutes ces années un fidèle client S.M. et il a toujours veillé à ce que je n'attrape aucune maladie-. Plus-ieurs fois, je suis allée le voir pour des infections ou des saignements. Il me prescrivait constamment des pilules et des bains de siège. De ces premiers moments, je ne me souviens clairement que d'une chose : ma mère occupée avec Pligter et Van der Grunten dans l'arrière-cuisine. Je devais m'asseoir dans la cuisine, appuyée contre l'évier, de telle sorte que je puisse avoir une vue directe sur eux. Ils avaient déjà ôté leurs vêtements. Ma mère baisait Van der Grunten et faisait en même temps une pipe à Pligter. J'e ne sais plus quel âge j'avais, mais je devais être jeune car cette image me reste sans que je puisse me rappeler l'impression que cela m'avait fait. Ai-je eu peur? Ai-je été fascinée ? Ai-je trouvé cela bizarre ? Van der Grunten a été la première personne en dehors de la famille qui a baisé avec moi. C'était un bonhomme mou qui chiquait toujours du tabac. J'ai pensé que comme il était un étranger, je pourrais peutêtre lui dire que je ne voulais pas et qu'il mettrait fin à tout cela. Il était plus âgé que ma mère et celle-ci éprouvait un certain respect pour lui ; je crois même qu'elle avait peur de lui alors qu'elle n'avait jamais peur de personne. Lorsqu'il intervenait, elle obéissait. je ne dis pas que cela se produisait souvent. Parfois la séance de coups durait trop longtemps pour lui. Ma mère était la seule qui frappait jusqu'à épuisement, les autres le faisaient jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment excités pour me baiser. Ma mère ne pouvait pas obtenir suffisamment de Van der Grunten. Il faut imaginer l'effet qu'il produisait sur elle: il était plus grand que mon père et mon frère. Il ne venait en fait pas pour moi mais pour elle; moi, il me trouvait trop jeune. Ma mère tenait absolument à ce qu'il me baise avant de la baiser elle. Nous regarder l'excitait. C'est ainsi qu'elle éprouvait le plus de plaisir. C'était la chose la plus sordide que j'aie connue à cette époque, je m'y suis opposée de toutes mes forces. La première fois, ma mère me tenait. Elle m'a dit: "Ne fais pas l'enfant. Mets-y un peu du tien. Cela fait tout simplement partie de Notre Secret. " Quand Van der Grunten a eu fini, je n'ai pas pu prendre de douche, car elle n'en avait pas encore fini avec moi. J'ai dû attendre sur le palier jusqu'à ce qu'elle ait fini avec lui. je m'en souviens encore précisément: il y avait une table basse en chêne, deux chaises et des livres avec des reproductions d'art. Après l'avoir raccompagné jusqu'à la porte, elle a continué avec moi. Au début, Van der Grunten me sautait pour pouvoir ensuite coucher avec ma mère; ils exerçaient tous les deux un pouvoir l'un sur l'autre. Le docteur Pligter et Van der Grunten ont été les premiers à participer aux petits jeux S.M. Pligter disait qu'il venait pour se défouler après une journée de travail chargée. Tout le monde se déshabillait et la plupart du temps ma mère commençait par baiser un autre type. Il arrivait aussi que je doive me frotter nue contre elle, ou la lécher. Mon frère et mon père regardaient ou étaient occupés ensemble. Ils se faisaient des pipes. Ensuite, mon père et Adriaan m'attachaient sur le lit, le plus souvent les bras et les jambes écartés. Ils me battaient alors jusqu'au sang. Parfois il y avait trois ou quatre hommes qui voulaient me baiser, soit chacun à leur tour, soit tous ensemble. Ma mère trouvait le spectacle superbe. Mon père a avoué à la police en 1990 qu'il avait aussi de temps en temps fait "des choses" avec Adriaan: il lui avait tripoté le cul et l'avait enculé. En entendant cela pour la première fois, j'ai ri, car à la maison je n'avais jamais entendu ces expressions. Pour enculer, on disait baiser "à la grecque ". "Yolanda, cet homme voudrait baiser à la grecque. " je savais alors que je serais attachée sur le ventre. Mon père et Adriaan se joignaient à ma mère et à ce genre de type bizarre; soit ils s'asseyaient à côté de moi, soit ils me sautaient ou se sautaient entre eux. J'étais toujours blessée car ils me fourraient toutes sortes de choses dans le vagin. Mais ils s'en foutaient pas mal. Le docteur Pligter ou ma mère trouvaient toujours un remède. Ils nettoyaient les plaies avec du sel pour éviter l'infection, avec de la soude aussi ou de la poudre à récurer. Parfois aussi, ils prenaient le pommeau de la douché et les aspergeaient d'eau bouillante. Les premières années, la douleur m'était insupportable. Par la suite je me suis blindée de plus en plus; je laissais de moins en moins transparaître que je souffrais. Peut-être que si j'avais participé normalement et hurlé comme j'aurais dû le faire, si j'avais tout simplement fait ce qu'ils voulaient, peut-être... Non, je pense que cela n'aurait rien changé. Je hurlais. Ce n'est pas possible que personne n'ait jamais rien entendu. C'est pourtant ce que tous nos voisins affirment à la police. Au Poelweg, nous avions comme voisine une vieille petite bonne femme qui était soi-disant sourde. Son jardin était séparé du nôtre par une haie. Si elle n'a vraiment rien entendu, c'est qu'elle doit être complètement sourde. Or, un jour, je lui ai dit bonjour, elle pendait son linge dans le jardin et me tournait le dos. Elle s'est retournée et m'a dit bonjour, elle n'était donc pas si sourde. Un de nos voisins, Herman Lagerman, maintenant un fonctionnaire communal important, a aussi abusé de moi à l'époque. je n'avais pas encore dix ans. Il venait certainement une fois par semaine. Je n'oublierai jamais la fois où il est venu avec sa vieille mère; elle avait des plaies à la jambe, je ne sais pas de quoi. Les plaies étaient pour ainsi dire béantes. Je la vois encore entrer couverte de sang. Ma mère lui a fait des pansements dans la cuisine tandis que lui est monté avec moi. Pendant que sa mère souffrait le martyre, il s'envoyait en l'air à l'étage avec une mineure. Lorsque nous avons déménagé au Laarenk à Epe, je ne l'ai heureusement plus revu. L'endroit au Poelweg où j'ai habité jusqu'à onze ans s'appelait Le petit paradis; ce au fur et à mesure qu'ils buvaient. Je gardais les bouteilles vides. J'en avais une centaine dans ma chambre ; je les comptais lorsque je ne parvenais pas à m'endormir. À partir de douze ans, j'ai moi-même commencé à boire en cachette. Je chipais de temps en temps une bouteille pleine et je la planquais au milieu de ma collection de bouteilles vides ou derrière mes vêtements. Du whisky ou du genièvre, cela m'était égal. Puisque l'alcool les rendait joyeux, cela m'aiderait peut-être aussi à ne pas sentir la douleur. Au début, je trouvais cela infect et je n'avais pas besoin de beaucoup; une petite gorgée pouvait me suffire pour toute la journée. Mais je m'y suis faite. Très vite j'ai carburé à l'alcool depuis mon réveil jusqu'à l'heure de mon coucher. Je me soûlais la gueule surtout avant les petits jeux S.M. J'ai fini par faucher une bouteille dans l'armoire de mes parents trois à quatre fois par semaine. L'alcool me calmait, mais plus le temps passait, plus cela se reproduisait et plus j'en avais besoin. À la fîn cela ne m'aidait plus, même si je buvais une demi-bouteille avant ces petites fêtes S.M. Ce que je cherchais dans l'alcool - m'échapper -, je n'y parvenais plus. je ne pouvais cependant m'empêcher de boire. Les clients me disaient souvent que ce n'était pas bon pour moi. J'ai pinté sec pendant cinq ans, jusqu'au jour où j'ai rencontré Wouters, mon futur mari ; j'ai alors arrêté du jour au lendemain. C'est de ma mère que j'avais le plus peur, ensuite... de De Raaf. Ce policier était vraiment horrible; il me traitait de manière brutale. Il venait même de temps en temps en uniforme et jouait au chef durant le jeu S.M. - lui et Van der Grunten étaient les seuls que ma mère tolérait comme chefs. Ma mère s'asseyait sur le côté et disait ce qu'il fallait faire, et lui le faisait. Il était fou de S.M., à l'extrême: m'attacher, me fouetter, me mettre des agrafes dans les tétons, me fourrer des bougies dans le vagin, me brûler les fesses avec des bougies, des mégots de cigarettes, m'écraser la poitrine et le ventre; rien n'était trop fou pour lui. Je criais mais après une dizaine de minutes je serrais les dents. Il me menaçait aussi de son pistolet. Il le pointait sur ma tête et m'ordonnais d'y mettre un peu du mien sinon il appuierait sur la gâchette. Et le pire, c'est que je le croyais ; c'était un agent de police et mes parents m'avaient dit que si je ne lui obéissais pas, il m'embarquerait. Après notre déménagement à Epe, je ne l'ai plus revu. J'éprouve toujours une certaine angoisse devant des policiers en uniforme. Ce n'est pas seulement à la maison qu'on a abusé de moi. Le dentiste chez qui j'allais, Combrinck, me sautait en échange du traitement. Il forait mes dents si profondément que cela me faisait horriblement mal. Ensuite, il n'acceptait de boucher le trou qu'après une petite partie de plaisir. Au début, il me tripotait, mais il en est vite venu au sexe. Je n'étais même pas surprise : j'y étais déjà tellement habituée. Il s'était sûrement mis d'accord avec ma mère, qu'elle ne doive pas payer les soins ou quelque chose du genre. À l'époque je n'y avais pas pensé, mais maintenant j'en suis certaine. Sinon, comment un dentiste pourrait-il en arriver au point de sauter une petite fille ? Je pense que je suis allée chez Combrinck à partir de sept ans et que j'y suis allée des dizaines de fois car j'avais toujours mal aux dents. À l'âge qu'a maintenant mon fils Max, nous devions aller seuls chez le dentiste ; il n'est pas question par contre que j'y envoie celui-ci tout seul. Lorsque nous sommes allés habiter à Epe, mon nouveau dentiste a trouvé dix-huit caries. Je ne me rappelle plus grand-chose d'autre de la période au Poelweg, si ce n'est qu'un jour Adriaan a tiré sur moi avec une carabine à air comprimé. Ma mère m'appelait mais je ne voulais pas rentrer. Mon frère m'a alors envoyé des balles dans les jambes de sorte que finalement j'ai été forcée de rentrer. Les balles n'ont pas pénétré dans ma chair, ce qui est dommage, car si l'une d'entre elles y était restée, j'aurais eu une preuve. Il a tiré le dernier coup près de la porte de derrière, juste avant que je ne rentre. Cela a duré un moment parce que je suis très têtue. je m'en foutais de la douleur. Chaque minute de plus que je passais à l'extérieur était du temps gagné, car dehors ils ne pouvaient rien me faire. Du moins rien de sexuel. L'année de mes onze ans, nous avons quitté le Poelweg à ..Vaassen pour aller habiter au Laarenk à Epe. Ma mère disait qu'elle ne pouvait supporter l'air dégagé par la fonderie au bout de la rue. Notre nouvelle maison était une simple maison mitoyenne. Devant nous, une rangée de maisons et derrière nous une autre rangée. Nous y avons habité un an. C'est là qu'est né mon premier enfant. |